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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
 Sterne pierregarin (Sterna hirundo)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Population régionale : 84-86 couples (2006)

Population nationale : 4 000-5 000 couples

Population européenne : 210 000-340 000 couples

Répartition régionale

En Auvergne, la Sterne pierregarin ne niche régulièrement que dans le département de l’Allier, à la fois sur la rivière du même nom et sur la Loire. Sur ces tronçons de cours d’eau, tous les sites favorables sont susceptibles d’être adoptés par une colonie. Le site pérenne de nidification le plus en amont se situait à Mariol (limite 03 – 63, altitude : 265 m, site maintenant inadapté), soit à 675 km de l’estuaire. Cette distance est importante lorsque l’on sait qu’après avoir hiverné en Afrique, la pierregarin migre le long des côtes de l’Atlantique et parvient, enfin, jusqu’à notre région, en remontant la Loire et son principal affluent. Les nidifications ponctuelles à Dorat (63) sur la Dore en 2004 et surtout à Pérignat-sur-Allier en 2001 et 2008 (63, altitude : 320 m, Lallemant, 2001 ; Brugerolle & Maly, comm. pers.) ajoutent encore 50 km au parcours. Migrateur occasionnel dans le Cantal et la Haute-Loire, la pierregarin ne niche pas dans ces deux départements. En France, les 5 000 couples nicheurs se répartissent par tiers entre la façade atlantique, la côte méditerranéenne, et l’intérieur de terres. Le bassin de la Loire héberge, à lui seul, 60% des nicheurs non maritimes (Cadiou et al., 2004). Ces 1 150 nicheurs ligériens occupent, quasi-exclusivement, le fleuve et la rivière Allier à l’exclusion de tout autre affluent (et donc du Cher, dans notre région). L’essentiel de cet effectif (70% environ) se concentre du Maine-et-Loire à Orléans. En amont, bien que régulières, les colonies deviennent moins denses.

Ecologie et habitats

Les sternes sont très étroitement liées à l’eau pour la nourriture et les sites de nidification. En très grande majorité, les deux espèces locales de sternes (naine et pierregarin) nichent ensemble. Les colonies s'implantent exclusivement sur des îles ou des îlots. La taille de ces colonies mixtes reste modeste, atteignant parfois 25 à 35 nids, très exceptionnellement 60.

Parmi les principaux stimuli au choix de l'emplacement d'une colonie, on relève (Dejaifve, 2003 actualisé) :

- une surface dégagée étendue : sur la période 1995-2006, 19 colonies étaient localisées sur des îles de plus de 300 m de longueur et de plus de 40 m de largeur, 17 sur d’autres de l’ordre de 200 m de longueur. Trois colonies relativement importantes se sont toutefois installées sur un banc nu de seulement 75 m x 20 m. Une très petite colonie a occupé plusieurs années un îlot d’environ 20 m² dans une carrière inondée à 200 m de la rivière Allier, un habitat exceptionnel pour la région.

- une végétation réduite au minimum ou quasi totalement absente : la première année d’une colonisation, l’île, ou au moins la partie occupée par les sternes, est toujours nue. Une maigre végétation y pousse l’année suivante. Elle prend de l’ampleur les années ultérieures, au point de condamner à terme les sternes à rechercher une autre île plus dénudée. La végétation pionnière est parfois utile aux oisillons pour s'abriter de la pluie ou du soleil, voire d'un prédateur aérien. Les rachats, nom local des arbres échoués, et les amas de branchages amenés par l’eau jouent probablement un rôle non négligeable dans la reproduction car les jeunes y trouvent un abri contre le soleil et les prédateurs (Rapeau, 1995 ; obs. pers.). Ce choix clair pour des espaces pauvres ou sans végétation n’est pas une constance dans le bassin ligérien puisque Muselet (1987) écrit à propos des sites du Loiret : « la Sterne pierregarin recherche plutôt un tapis herbacé alors que la Sterne naine adopte des surfaces dénudées », tandis que Tardivo (1987) décrit ainsi les sites de Touraine : « la pierregarin choisit souvent la formation végétale correspondant aux groupements à Chiendent (Agropyron), ou parfois à l’alliance du Chenopodion, alors que la naine préfère des milieux plus découverts ».

- un substrat composé de sable et de gravier : les œufs sont le plus souvent déposés sur des graviers d’un diamètre supérieur à 1 cm. Les sternes profitent peu des secteurs de sable pur.

- Une certaine hauteur de l’île au moment de l’installation : quelques décimètres à un mètre par rapport au niveau de la rivière. Or, fréquemment, l’étiage assèche le bras le moins profond, transformant l’île en presqu’île.Cette modification amène généralement des contraintes nouvelles auxquelles les adultes et leurs jeunes sont très sensibles. En effet, les prédateurs terrestres ont alors un accès facile à la colonie (des traces de sangliers, de renards, de mustélidés, de blaireaux et de chiens ont été relevées sur les sites de reproduction locaux dès qu’ils sont en connexion avec les berges). Par ailleurs, l'homme fréquente alors aussi plus facilement le site que par canoë.

L'expérience montre clairement qu'une colonie installée momentanément sur une presqu'île n’a aucune chance d'avoir un bon taux d'envol. La nidification s'achève en général par un échec total ou par une énorme mortalité des œufs et des poussins. Le phénomène se produit quelle que soit l'importance numérique de la colonie au moment de la ponte. Il ne semble pas être mémorisé par les sternes car elles se réinstallent souvent d'une année à l'autre sur de tels sites, ce qui est assez logique car les milieux où s'installent les sternes sont liés à la dynamique fluviale et se modifient fortement d'une année sur l'autre.

Les déplacements interannuels des sites coloniaux de reproduction sont la conséquence de plusieurs facteurs qui agissent individuellement ou concomitamment. Dans un univers aussi mouvant que le lit mineur de l'Allier (c’est peut-être moins vrai pour la Loire), ces sites apparaissent une année pour disparaître quelques années plus tard. Cependant, les déplacements des colonies résultent aussi de l'envahissement progressif par la végétation des zones initialement dénudées. Durant les 15 dernières années d’observation, le site le plus stable a été utilisé pendant 8 ans. La nidification isolée, généralement le fait de couples qui effectuent une ponte de remplacement (considérée comme telle car tardive), est régulièrement constatée. Elle concerne normalement moins de 10 % de l'effectif nicheur total, sauf dans le cas où une crue tardive (fin mai, début juin) a éclaté les colonies initiales. Ces couples isolés (tant de naines que de pierregarins) sont moins exigeants quant aux sites de reproduction. Ils s’installent tantôt sur de très petits bancs de sable au milieu du lit de la rivière, tantôt sur d’immenses grèves.

Phénologie et biologie de reproduction

Après un hivernage du Sénégal au Nigéria (Muselet, 1982), la pierregarin arrive en Auvergne dans la première semaine d’avril (extrême : le 16/03/1977). Les pontes les plus précoces ont lieu début mai. Le pic, variable selon les années en fonction du débit de la rivière, se situe généralement de la dernière décade de mai au 20 juin. Les pontes de remplacements, fréquentes, s’étalent jusqu’à début juillet. Les reproductions les plus hâtives et les plus tardives aboutissent généralement à des échecs (les coups d’eau printaniers balaient les premiers nids, le sévère étiage estival rend impropre le site de nidification, enfin les reproducteurs particulièrement tardifs ne sont sans doute plus physiologiquement capables d’assumer l’élevage complet des jeunes).

Dans l’Allier, la valeur moyenne d’une ponte complète est de 2,3 oeufs (n = 303, Dejaifve, 2003 actualisé), identique à celles obtenues par exemple en Camargue (n = 1 787) (Blondel & Isenmann, 1981) et dans le delta de l’Ebre (n = 2 934) (Muntaner et al., 1984). Les pontes de remplacement semblent sensiblement plus petites (1,9 mais n = 57 seulement). D'une année à l'autre, le taux d’envol varie fortement. Calculé sur l’Allier et durant une longue période, le nombre moyen de jeunes envolés / nombre total de couples avoisinerait 0,75 (LPO, rapports annuels). Cette valeur est à prendre avec les précautions d’usage. A titre de comparaison, en France, « les nombreuses données issues de la littérature indiquent qu'en moyenne, seul un peu plus d'un jeune par couple de pierregarin parvient à s'envoler » (Siblet & Muselet, 1994). Une fois les jeunes envolés, les sternes quittent très vite les lieux de nidification. Dès la fin juillet, les premiers migrateurs s’en vont. Les départs se poursuivent jusqu’à la fin août et début septembre (extrême : 19/10/1980).

Evolution des populations

Dans le département de l’Allier, Olivier (1898) signale la Sterne pierregarin nicheuse sur les rivières mais n’en décrit pas l’abondance. Vient ensuite un demi-siècle sans observateur, période durant laquelle la pierregarin a probablement continué de se reproduire. En effet, Pic & Renault (1965) la retrouvent nicheuse dès le début de leurs recherches en 1955, sur l’Allier. A cette date, « les notes font état de nids isolés plutôt que de véritables colonies tout au moins sur le cours de l’Allier entre Châtel-de-Neuvre et Villeneuve-sur-Allier » (Pic, 1983). Puis vient l’époque des colonies. Les trente dernières années indiquent des variations interannuelles assez sensibles, avec globalement une tendance à l’augmentation. La dernière décennie marque toutefois une stabilisation des effectifs locaux. Dans le Puy-de-Dôme, les auteurs du XIXème siècle la citent « commune en été », sans plus de commentaire. Les preuves de nidification certaines les plus anciennes datent de 1927 et 1929 à Crevant-Laveine (Mouillard,in Brugière et al., 1980). Un couple se reproduit en 1959 à Limons (Brosselin, archives C.O.A.), puis un ou deux niche(nt) en 1961 et 1962 dans le même secteur. Quinze ans plus tard, en 1977, un couple couve aux Martres-d’Artières. En 60 ans, seuls 7 cas de nidification (la plupart non abouties) sont connus ! (COA, 1989). Depuis cette synthèse, un seul cas certain de nidification est relaté, à Pérignat-sur-Allier. La population ligérienne a quasi doublé entre le début des années 1980 et 2006 (actuellement 1 150 couples, LPO 2006). Les effectifs nicheurs totaux en France oscillent entre 4 000 et 5 000 couples, sans tendance nette depuis les années 1960 (Cadiou et al., 2004). 210 0000 à 340 000 couples peuplent l’Europe (Heath et al., 2000).

Menaces et actions de protection

La protection des deux espèces de sternes passe par la conservation des milieux fluviaux naturels, lieux à la fois de pêche et de reproduction. Mais cette exigence ne suffit pas : encore faut-il une rivière dynamique où de nouvelles îles, sans végétation ou presque, apparaissent régulièrement, car tel est l’unique biotope de nidification des colonies. Le maintien de la dynamique fluviale est donc tout à fait primordial. Le cadre législatif à ce maintien existe, encore faut-il le faire appliquer rigoureusement ! (La loi sur l’eau n°92-3 du 3 janvier 1992, le décret du 25 mars 1994 portant création de la Réserve Naturelle du Val d’Allier, les documents d’objectifs Natura 2000 Val d’Allier Nord et Val d’Allier Bourbonnais approuvés le 19 décembre 2002, les arrêtés de protection de biotope…). A cette exigence de naturalité, les sternes ajoutent un fort besoin de quiétude : elles sont très susceptibles aux dérangements. Si les colonies acceptent un environnement bruyant et agité (colonie régulière à 40 mètres du pont Régemortes, à Moulins), la tranquillité sur l’île colonisée est indispensable. Seules les colonies implantées hors accès des hommes, des chiens et du bétail produisent un nombre satisfaisant de jeunes.

Pour la protection de ces espèces emblématiques, la LPO Auvergne mène depuis longtemps quatre types d’actions : l’information et la sensibilisation ; la surveillance ; la création d’arrêtés de protection de biotope ; les suivis naturalistes.

- L’information des usagers de la rivière est un axe bien exploité par la LPO. De multiples actions ont été mises en place : plaquettes d’information ; autocollants « Je protège les sternes du Val d’Allier » (3 000 ex) ; messages réguliers transmis par les medias ; animations – sensibilisations auprès des écoles (4 500 enfants) ; expositions (8 200 visiteurs) ; points d’information depuis 1994 (observatoire du Château de Lys, Maison des Oiseaux de Bressolles, Espace Nature du Val d’Allier).

- La surveillance des colonies a débuté en 1981. Le rôle d’un surveillant est double : suivre la colonie et éviter tout dérangement en informant les usagers de la rivière de son existence. Actuellement, seule une colonie (celle de Moulins) est encore plus ou moins surveillée.

- La protection des colonies par Arrêté de Protection de Biotopes existe depuis 1988, sur 5 sites. La création des APB impose : une communication ; un suivi ornithologique ; la mise en place de panneaux informatifs autour des îles concernées ; une surveillance de la réglementation. L’intérêt de cette mesure est toutefois rendu souvent inopérant du fait du déplacement fréquent des nicheurs et du manque de respect de la réglementation.

- Le suivi des effectifs et de leurs implantations est réalisé depuis de nombreuses années, comme en témoigne le graphe ci-joint. Il a permis d’accumuler quantité d’informations éco-éthologiques, utiles à la protection.

Pierre-André Dejaifve (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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