Répartition régionale

Le Moineau friquet fait malheureusement partie de ces espèces trop souvent négligées par les ornithologues alors que son statut mériterait beaucoup plus d'attention. La répartition auvergnate révèle une présence plus notable dans toutes les zones de basse et moyenne altitude d'où sa quasi absence des régions montagneuses. Il paraît évident qu'il y a eu sous prospection pour le friquet dans la partie septentrionale de l'Allier car rien ne peut expliquer son absence de la Sologne bourbonnaise. Il semblerait plus fréquent dans l'ensemble de l'Allier, mais aussi dans le centre du Puy-de-Dôme ainsi qu'en basse Combraille. Le sud du Cantal accueille apparemment les meilleures populations départementales cantaliennes, alors qu'en Haute-Loire, il est surtout observé dans les grandes vallées de l'Allier et de la Loire. En dehors de ces secteurs, le Moineau friquet apparaît très dispersé. La nidification certaine la plus élevée a été obtenue à 1 100 m à Lescure et à Saint-Maurice, commune de Valuéjols (15), avec des nourrissages le 30/05/2002 et le 10/06/2002.

Ecologie et habitat

La limite altitudinale de répartition des nicheurs se situe beaucoup plus bas que celle du Moineau domestique, sous les 1 000 mètres et le friquet devient déjà beaucoup plus rare dès 800 ou 900 mètres, ceci expliquant son absence de toutes les zones montagneuses auvergnates. Souvent décrit comme plus rural que son cousin, le friquet est effectivement plus attaché à la campagne qu'à la ville. Une concurrence interspécifique avec le Moineau domestique pour l’appropriation de cavités a été observée, plutôt au détriment du friquet qui laisse alors le site à son cousin. Il s’agissait d’anfractuosités dans des murs en pierre de vieilles bâtisses en milieu rural à Polignac et à Collandre (43). En secteur urbain, il est exceptionnel au cœur des grandes agglomérations et se concentre plutôt en zone péri-urbaine ou en secteur pavillonnaire. Un certain couvert végétal semble donc plus essentiel qu'au Moineau domestique, tout comme la proximité de terrains agricoles ou en friche pour le gagnage. Le friquet s'affranchit également plus volontiers de toute présence d'activité humaine pour nicher en plein bocage dans quelques arbres ou dans les grandes vallées fluviales où il fréquente souvent les colonies d'Hirondelle de rivage. Les conditions de présence de cette espèce restent en fait mal connues et sa répartition est très disparate avec des absences inexpliquées en des secteurs pourtant similaires. Cette répartition éparse explique sa totale absence dans les comptages STOC auvergnats ainsi que dans quasiment toutes les études basées sur les relevés par IPA.

Phénologie et biologie de la reproduction

Considéré comme sédentaire partiel, le friquet présente effectivement quelques mouvements postnuptiaux mis en évidence avec les suivis migratoires à la Serre (63) ou à Prat de Bouc (15), ou encore lors de séance de baguage en roselière dans le Puy-de-Dôme. La phénologie de la reproduction du Moineau friquet livre dix fois moins de données que celle du Moineau domestique. Après une période automnale qui voit le Moineau friquet se rassembler en troupes de quelques dizaines d'oiseaux arpentant les campagnes, les premières manifestations territoriales commencent en février, puis la majorité des reproductions a lieu en mai/juin avec des dates extrêmes peu ordinaires comme ce couple construisant son nid un 7/01 à Clermont-Ferrand (63) ou ce couple au nid le 5/10/2002 au Veurdre (03) (source annales LPO Auvergne).

Evolution des populations

Le statut régional du Moineau friquet n'est pas cerné, mais certains observateurs régionaux le considèrent en régression. Cette tendance au déclin est reconnue au niveau national (Jarry, in Rocamora & Yeatman-Berthelot, 1999) et en bien d'autres pays d'Europe de l'Ouest (Ivanov & Summer-Smith, in Hagemeijher & Blair, 1997). Par contre, des augmentations ont été notées dans la péninsule ibérique et en Scandinavie (Ivanov & Summer-Smith, in Hagemeijher & Blair, 1997).

Menaces et mesures de conservation

Il n'y a pas pour l'instant d'explications certaines à ce déclin. La disparition des haies et des arbres creux, l’utilisation des insecticides dans l’agriculture mais aussi les poteaux creux installés un temps pour le téléphone sont les causes de raréfaction supposées de cette espèce. Un suivi serait sans doute nécessaire. Signalons que l’espèce adopte assez facilement les nichoirs à mésanges pour sa reproduction.

Pascal Duboc (2010)