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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
Pic épeichette (Dendrocopos minor)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Répartition régionale

En Auvergne, la répartition du Pic épeichette semble en grande partie limitée par l'altitude. Ainsi, si l'on fait abstraction des lacunes liées à la "sous-détection" habituelle de cette espèce discrète et peu fréquente (Jacob & Paquay, 1992) et aux disparités géographiques de l'intensité de prospection, la carte obtenue indique qu'il est bien répandu à basse altitude dans les plaines de l'Allier et du Puy-de-Dôme, où l'on a obtenu la majorité des indices certains et probables. La carte des fréquences, elle aussi entachée de biais nettement liés aux observateurs, confirme et affine tout de même ces constatations, en soulignant l'importance pour l'espèce, d'une part des forêts et du bocage de l'Aumance, dans l'Allier, d'autre part, et partout systématiquement, des vallées : Allier, Cher dans l'Allier, Allier encore, mais aussi Sioule dans le Puy-de-Dôme, Allier encore, mais aussi Loire en Haute-Loire. Dans ce dernier département, d'ailleurs, on ne rencontre guère l'espèce ailleurs que le long des cours d'eau (Joubert, 1994). Dans les zones d'altitude, dépourvues d'arbres comme les estives et les landes sommitales, ou exclusivement plantées de conifères, le Pic épeichette est quasi absent : Bois Noirs, monts du Forez, monts Dore dans le Puy-de-Dôme, plateau du Cézallier, monts du Cantal et Margeride dans le Cantal, monts du Devès et du Vivarais en Haute-Loire. En dehors de ces grands traits, le haut bassin du Sioulet, ainsi que le pays des Couzes, secteurs de moyenne altitude dans le Puy-de-Dôme, semblent également bien occupés, tout comme la Planèze de Saint-Flour, dans le Cantal, mais à l'altitude notable de 1 000 m. Dans ce dernier département, les zones de basse et moyenne altitude de l'Ouest et du Sud, pourtant favorables en apparence, sont curieusement presque vides ; mais là encore, la concentration d'indices probables et certains aux alentours assez bien prospectés d'Aurillac, les fréquences notables relevées ailleurs dans le département, ainsi que les enquêtes menées dans les régions limitrophes dans les années 1980-1990 (SEPOL, 1993 ; Joachim et al., 1997), nous incitent à privilégier l'hypothèse d'une pression d'observation insuffisante ou inadaptée, plutôt que celle d'un net recul de l'espèce depuis l'enquête précédente (COA, 1977). La présente enquête confirme sa rareté au-dessus de 700 m : seulement 15% des données. Il niche cependant avec certitude jusqu'à 900 m dans le Cantal, à Alleuze (et très probablement 1 000 m en plusieurs endroits de la Planèze de Saint-Flour), très probablement jusqu'à 900-950 m en Haute-Loire, en divers lieux du canton d'Allègre (Lebreton, 2002). Enfin, il niche jusqu'à 750 m dans le Puy-de-Dôme, à Olby et Bromont-Lamothe (et probablement à 850 m à Aydat, Saint-Genès-Champanelle). Dans ce même département, quelques données à plus haute altitude en période de reproduction mériteraient d'être confirmées par un suivi : chant à 1 050 m le 23/03/2003 à Orcines, Puy-de-Dôme, tambour à 1 000 m le 02/03/2005 à Saint-Genès-Champanelle. La nidification certaine la plus élevée en altitude, 900 m, a été obtenue à Languiroux (commune d’Alleuze, 15) avec un nourrissage le 05/06/2003.

Ecologie et habitats

Au printemps, la plupart des milieux arborés de basse et moyenne altitude sont occupés, à l'exception des boisements de conifères, même mêlés de quelques feuillus (Joubert, 1994). En aucun lieu cependant, le Pic épeichette ne peut être qualifié d'abondant. Les couples sont souvent dispersés et les domaines vitaux très étendus quoique très variables : sauf exception, on donne pour l'Europe occidentale des ordres de grandeur de 50 ha en milieu forestier favorable, mais plutôt 100, 200 ou même 500 ha en milieu plus ouvert (Cuisin, in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994 ; Geroudet, 1998). Il est tout au plus relativement fréquent dans les biotopes les plus favorables, et "globalement rare" partout ailleurs (COA, 1983 ; COA, 1989). En ce qui concerne l'utilisation verticale de l'espace, dans les vieilles futaies, le Pic épeichette est un spécialiste des rameaux et branchettes les plus élevés, en très faible concurrence avec les autres pics bigarrés (Lovaty, 1985).

Les densités maximales sont atteintes dans les lieux où les vieux arbres à parties mortes ou dépérissantes sont abondants (pour l'alimentation), certains au moins présentant un tronc ou seulement une grosse branche en état de putréfaction (pour le nid). Les essences à bois tendre (aulne, peuplier, bouleau) ou pourrissant très vite (hêtre, bouleau, merisier...) paraissent très appréciées (Crouzier,in CORA, 2003). En Auvergne, ces conditions optimales se rencontrent régulièrement dans les vieilles chênaies de plaine de l'Allier, ainsi que dans les ripisylves âgées de toute la région. L'espèce est également présente dans le bocage, les vieux parcs, et fréquente régulièrement les vergers et peupleraies mûres (COA, 1983 ; COA, 1989), milieux cependant secondaires pour cette espèce des vieilles forêts feuillues (Nilsson, in Hagemeijer & Blair, 1997). Des études quantitatives dans l'Allier ont livré des densités a priori maximales pour nos massifs forestiers : environ 2,2 couples aux 100 ha en forêt des Prieurés-Moladier sur 239 ha de vieilles futaies entre 1975 et 1977 (Lovaty, 1980), ou encore 2 couples aux 100 ha en forêt de Lespinasse, sur 341 ha de futaies âgées ou en régénération entre 1999 et 2001, où l'espèce ne semble pas dérangée par les coupes de régénération, très loin toutefois des 6 couples aux 100 ha de certains secteurs à aulnes et frênes de la forêt primaire de Bialowieza (Lovaty, 2001).

Phénologie et biologie de reproduction

Le cycle annuel du Pic épeichette est à peu près synchrone avec celui de ses cousins bigarrés : les premiers chants et tambours se font entendre vers la mi-janvier (au plus tôt le 18/01/2003 à Saint-Agoulin, et le 19/01/2004 à La Roche-Blanche, 63), alors qu'une certaine effervescence anime les oiseaux depuis quelque temps. Le peu de données dont nous disposons à ce sujet ne permet pas de faire apparaître les 2 pics de fréquence des tambours observé en Rhône-Alpes début mars et fin avril-début mai (Crouzier,in CORA, 2003), le dernier annonçant la ponte toute proche. Les poussins, qui éclosent 2 semaines plus tard, sont la plupart du temps très discrets. Ils peuvent cependant se montrer bruyants en toute fin d'élevage, 3 semaines plus tard, comme cette nichée découverte le 01/06/2002 à Coutansouze (03), dans une loge située à 20 m de hauteur dans un hêtre brisé, aussi bruyante qu'une nichée d'épeiches (une seule autre donnée de pulli au nid : le 19/06/2002 à Puy-Guillaume, Puy-de-Dôme). Ils peuvent également manquer de discrétion dans les 2 ou 3 jours qui suivent l'envol, lorsqu'ils quémandent bruyamment. Au total, les indices de reproduction certaine sont tout de même plutôt rares (5 % des 600 données de l'enquête) et les nids restent difficiles à découvrir (12 cependant). Nous n'avons aucune information locale récente sur la taille des pontes ou le succès des nichées.

Même si l'espèce est considérée comme sédentaire, on observe un certain erratisme en dehors de la période de reproduction, probablement des jeunes en recherche de canton en été et automne, ce qui peut les mener loin des sites de nidification, y compris en altitude dans des boisements de conifères, mais aussi des oiseaux à la recherche d'une nourriture plus facile, en témoignent les contacts obtenus en hiver sur les mangeoires des zones péri-urbaines, ou encore dans les roselières (Geroudet, 1998).

Evolution des populations

Donné en Auvergne pour "commun toute l'année" (Culhat & Chassis, 1833) ou "pas rare" (De Chalaniat, 1846) au milieu du XIXème siècle, ou encore "commun dans les parcs, vergers et bois du Bourbonnais" à la fin du même siècle (Olivier, 1897 ; Vilatte Des Prugnes, 1912), le Pic épeichette est toutefois considéré comme assez rare dans le Cantal au début du XXème siècle (Cantuel, 1923). Plus récemment, les développements de l'ornithologie en France et en Europe ont permis de cerner un peu mieux ses populations, longtemps supposées globalement stables, faute de données précises sur leur évolution, comme par exemple pour l'énorme population russe qu'on estime à la moitié des effectifs européens. Depuis les années 1980-1990 cependant, à mesure que les connaissances progressent, on constate ici et là de réels déclins, comme en Scandinavie, en Angleterre et en Roumanie (Birdlife, 2004), mais aussi maintenant en France, où le programme STOC signale un déclin important, quoique statistiquement peu significatif, de 73 % entre 1989 et 2003, déclin qui justifie le classement de l'espèce parmi celles qu'il faut désormais surveiller (Julliard & Jiguet, 2005).

En Auvergne, la comparaison de la carte obtenue avec celles des enquêtes précédentes (COA, 1977 ; COA, 1983 ; COA, 1989), qui avaient déjà beaucoup amélioré nos connaissances (Mouillard & Choussy, 1971 ; Duboc & Lallemant, 1987), indique une certaine extension de la répartition dans l'Allier, et surtout dans le Puy-de-Dôme, mais c'est très probablement à une prospection plus efficace et plus complète qu'on le doit, et non à une réelle progression de l'espèce. Le fait que les zones "gagnées" soient relativement les plus éloignées des concentrations humaines est à cet égard symptomatique. Pour le Cantal, nous l'avons dit, ce sont très probablement des lacunes de prospection qui expliquent les grands vides de la carte à basse et moyenne altitude, et non un véritable recul de l'espèce. Au centre et au nord de l'Auvergne, nos connaissances sur le Pic épeichette progressent donc encore, tout au moins en ce qui concerne sa répartition géographique, mais rappelons simplement, pour souligner combien elles sont récentes et peu précises, que la première preuve de reproduction publiée n'a été obtenue dans le Puy-de-Dôme qu'en 1977, par B. Roche (COA, 1989). La discrétion générale de l'espèce, qui se déplace la plupart du temps hors de vue même en hiver dans les branches les plus hautes des arbres (Cuisin, in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994), y est sans doute pour quelque chose. Les effectifs auvergnats du Pic épeichette ont été récemment estimés : 600-2 700 couples pour l'Allier, 350-2 200 couples pour le Puy-de-Dôme, 400-2 300 couples pour le Cantal et 150-1 000 couples pour la Haute-Loire, soit 1 500-8 200 couples au total (Meuret, à paraître et affiner). L'évolution de ces effectifs ne nous est pas connue. Tout au plus peut-on noter que, dans l'Allier, la présente enquête a livré 2 fois moins d'indices de reproduction probable ou certaine, ce qui pourrait suggérer une baisse des effectifs (COA, 1983). Rien de tel, en revanche, du côté du Puy-de-Dôme (COA, 1989).

Menaces et mesures de conservation

Comme beaucoup d'espèces aujourd'hui, l'épeichette ne semble menacé qu'à un seul titre : la raréfaction de ses milieux de prédilection, caractérisés principalement par la présence de vieux arbres dépérissants ou morts. Il faudrait donc continuer à militer pour que disparaisse l'habitude d'éliminer, pour des raisons sanitaires ou sécuritaires parfois discutables, ces vieux arbres morts ou malades des forêts exploitées aussi bien que des bords de rivière, parcs, vergers et haies du bocage (Crouzier,in CORA, 2003). Comme pour l'épeiche, mais de manière moins critique que pour le mar, ses meilleures densités sont à terme menacées, dans les forêts privées ou même domaniales, par une optimisation économique de la sylviculture du chêne, qui tendrait à réduire les révolutions, et par les coupes à blancs dans les massifs trop homogènes en âges et gérés en futaie régulière, qui constituent une proportion non négligeable des forêts domaniales de l'Allier. Les populations du Pic épeichette sont aussi menacées par le morcellement ou la disparition des vieilles ripisylves et par les atteintes que subit encore ce qui reste du bocage.

Jean-Philippe Meuret (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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