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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
Pic épeiche (Dendrocopos major)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Répartition régionale

En Auvergne comme presque partout ailleurs en France, le Pic épeiche est, avec le Pic vert, le plus fréquent et le plus abondant de la famille. Il occupe tous les milieux arborés à toutes les altitudes et fréquente régulièrement les zones dégagées proches, pourvu qu'il y trouve quelques arbres : il n'est donc pratiquement aucun lieu de notre région où l'on ne puisse l'observer ou l'entendre, en témoigne la carte de répartition, qui ne présente quasiment aucun vide. Son abondance est toutefois très variable selon l'âge, la densité et le type des boisements : c'est très certainement l'explication principale aux rares faiblesses dans les indices relevés, en altitude sur les crêtes sommitales, les estives et les plateaux sans arbres du Cantal, de la Haute-Loire et du sud du Puy-de-Dôme. A plus basse altitude, en revanche, dans les zones bocagères excentrées de l'Allier et de l'ouest du Puy-de-Dôme, il s'agit plus probablement de disparités locales dans l'intensité de prospection, l'espèce étant partout peu discrète et facile à repérer toute l'année, même en faibles densités. Durant l'enquête, il a niché à 1 600 m au pied du Plomb du Cantal avec un nourrissage le 11/07/2000 dans le Cirque de Chamalières, ou encore à 1 344 m dans le massif du Mézenc, en Haute-Loire, avec des jeunes au nid le 12/06/2005 au Mont d’Alambre. Ailleurs, des indices de nidification probable ont été obtenus jusqu'à 1 200-1 250 m dans les Bois Noirs et la chaîne des Puys, dans le Puy-de-Dôme, et jusqu'à 900 m dans la montagne bourbonnaise, dans l'Allier. Mais il atteint des altitudes bien supérieures ailleurs : il a par exemple été noté nicheur à 2 100 m dans les Alpes (Miquet, in CORA, 2003) ; on peut donc affirmer que sa limite altitudinale correspond en Auvergne à celle des habitats qui lui sont favorables.

Ecologie et habitats

Essentiellement insectivore au printemps, le Pic épeiche exploite avec un éclectisme remarquable toutes les ressources que les arbres, quels qu'ils soient, peuvent mettre à sa disposition tout au long de l'année : à l'époque des nids, il semble généralement privilégier l'entomofaune du feuillage et des écorces, alors qu'en hiver, ce sont plutôt les insectes et les larves logeant au cœur du bois, pourri ou pas, sur pied ou tombé à terre, qui retiennent son attention ; il les déloge en forant volontiers le bois, activité à laquelle il est morphologiquement adapté. Il consomme également toutes sortes de graines et fruits lorsqu'ils sont disponibles (Cramp, 1985). Dans son utilisation verticale de l'espace forestier, il fait également montre d'une plus grande souplesse que ses proches cousins bigarrés, puisqu'il exploite le bois depuis le sol jusqu'aux branches secondaires des plus grands arbres, en moyenne plus bas donc que le Pic mar et a fortiori que le Pic épeichette (Lovaty, 1985).

Fort logiquement, les plus fortes densités sont donc observées dans les vieux boisements où les branches mortes ou dépérissantes, riches en macro-invertébrés, sont très nombreuses, comme dans les vieilles chênaies équiennes de l'Aumance, du Bourbonnais mais aussi des basses Combrailles, dans l'Allier. Les études quantitatives dans de telles futaies âgées de plus de 150 ans en témoignent : 10 à 19 couples pour 100 ha entre 1999 et 2001 sur 913 ha en forêt de Lespinasse (Lovaty, 2002a), ou encore 6 à 25 couples pour 100 ha entre 1975 et 1977 sur 239 ha en forêt des Prieurés-Moladier (Lovaty, 1980), énormes densités dépassant largement, du fait de l'artificialisation du milieu liée à l'exploitation en futaie régulière, les 4 à 12 couples aux 100 ha que l'on peut observer dans l'unique forêt naturelle de plaine en Europe, celle de Bialowieza en Pologne (Lovaty, 2002b). Les densités restent également élevées dans les ripisylves âgées à chênes, aulnes et frênes, même morcelées, comme le montrent les 9 à 12 couples cantonnés en 2002-2003 sur 8 km de rives de la rivière Morge, en Limagne, totalisant 60 ha de ripisylves et bois attenants et 15 ha de peupleraies, entre Saint-Myon et La Moutade, Puy-de-Dôme (Meuret, non publié). Il en est de même dans les taillis sous vieilles futaies de chênes partout dans l'Allier, mais aussi plus ponctuellement à basse et moyenne altitude dans le Puy-de-Dôme. Les taillis jeunes, sans aucun vieil arbre, sont en revanche très peu fréquentés. Plus haut en altitude, les densités peuvent encore être assez élevées dans les milieux les plus propices : ainsi, dans le Puy-de-Dôme, où la population des 50 à 100 km2 de forêts favorables essentiellement feuillues de la chaîne des Puys, entre 800 et 1 100 m d'altitude, est estimée à 250-500 couples (Guelin, inédit), un quadrat effectué en 1985-1986 a donné 8 couples pour 100 ha (Guelin & Guelin, 1987). Mais lorsqu'on s'élève encore pour atteindre ou dépasser les 1 200 m, les populations finissent par se diluer (Joubert, 1994) : ainsi, dans le Puy-de-Dôme encore, dans le haut Forez, une enquête menée sur 284 km2 l'a donné nicheur probable sur seulement 14 % de ces km2 (Tourret, 1993), tandis que l'année précédente, une enquête similaire dans le massif du Sancy sur 238 km2 le signalait nicheur possible sur 10 % des carrés (Gautier et al., 1992), notons toutefois que ces zones comportent beaucoup de prairies. Dans les boisements purs de conifères, il semble en effet se faire plus rare, à moins, encore une fois, que les arbres n'atteignent un âge certain et qu'en outre quelques spécimens d'essences feuillues compagnes ou quelques individus secs sur pied ne soient disponibles pour la nidification (Miquetin CORA, 2003). Enfin, en dehors des milieux réellement forestiers, il est également présent dans les parcs urbains et aux abords des villages où les vieux arbres - qui plus est fruitiers - sont nombreux (noyers, cerisiers, amandiers ...). Il est moins fréquent dans les zones de bocage où, même dans les plus favorables, il ne doit pas atteindre les 2 couples pour 100 ha (COA, 1983).

Phénologie et biologie de reproduction

Dès les premiers jours de janvier, parfois fin décembre, alors que les poursuites nuptio-territoriales ont déjà commencé depuis quelques temps, les premiers "tambours" caractéristiques de l'espèce se font entendre (3 données entre les 5 et 7 janvier dans le Puy-de-Dôme durant l'enquête). Ils ne se généralisent cependant à une bonne partie des individus cantonnés qu'en février : c'est le début de la période la plus bruyante et démonstrative, qui culmine vraiment dans la seconde moitié de mars et ne prend fin qu'avec la ponte, généralement début mai, mais parfois fin avril. Toutefois, du fait de l'étalement des nidifications, la fréquence des tambours ne diminue que graduellement, pour ne s'annuler réellement que fin juillet, à mesure que les couples nicheurs entrent chacun dans leur période de plus grande "discrétion" : l'incubation et la première semaine d'élevage des poussins (obs. pers.). Les nichées, quasi-systématiquement bruyantes dans la semaine qui précède l'envol, sont alors facilement repérables, la plupart du temps entre fin mai et mi-juin (sur les 129 découvertes durant l'enquête, 71 % entre le 20 mai et le 20 juin), avec un pic dans la première décade de juin (28 %) ; on en a cependant trouvé de début mai à mi-juillet (dates extrêmes : pulli le 08/05/2003 à Ytrac, 15 ; ou encore pulli d'environ 1 semaine le 12/05/2002 à Saint-Bonnet-Tronçais, 03 ; nid garni le 10/07/2002 à Cistrières, 43 ; transport de nourriture le 11/07/2000 à Albepierre-Bredons, 15, à 1 600 m d'altitude, ou encore le 15/07/2004 à Saint-Jean-des-Ollières, 63). Par ailleurs, dans l'ensemble, l'analyse statistique de ces données de nidification certaine ne semble pas contredire l'apparente et relative insensibilité à l'altitude du cycle de reproduction de l'espèce que l'on constate ailleurs en Europe, insensibilité que pourrait expliquer un régime alimentaire composé en partie d'animaux vivant sous les écorces ou au coeur du bois, ressources dont l'abondance serait relativement moins influencée par les facteurs climatiques que celle des autres proies, et pourrait donc compenser les éventuelles pénuries printanières de ces dernières (Miquet,in CORA, 2003).

Après l'envol, les jeunes s'émancipent très rapidement, souvent chassés du territoire des parents dans la décade qui suit l'envol (obs. pers.). Les données de l'enquête ne mettent pas en lumière le regain de manifestations territoriales que l'on signale ailleurs en juillet-août (Miquetin CORA, 2003) à l'occasion de cette phase quelque peu mouvementée. Nous n'avons aucune information locale sur ces mouvements erratiques, réputés de très faible ampleur en Europe de l'Ouest (Cramp, 1985) : assez discrets à cette époque, les jeunes Pics épeiches sont en effet peu notés (seulement 100 données sur les 2 900 de l'enquête). En Auvergne comme ailleurs en France, le Pic épeiche est sédentaire et si, dans d'autres régions au relief plus prononcé il est vrai, il existe des soupçons de transhumance hivernale (Miquet,in CORA, 2003), nous ne disposons d'aucun indice local allant dans ce sens, l'espèce étant bien présente sur ses sites habituels en plein hiver vers 1 000 m d'altitude dans la chaîne des Puys par exemple (Guelin, non publié). Par ailleurs, certaines années, on observe quelques rares individus passant les cols de migration en octobre : certains auteurs considèrent qu'il s'agit probablement "d'un erratisme orienté" plus que d'une réelle migration (Leroy & Philippe, 2001), à moins que ces mouvements ne soient liés aux invasions plus ou moins diffuses d'oiseaux forestiers du Nord et de l'Est que nous connaissons parfois en automne (Winkler et al., 1999).

Evolution des populations

Le Pic épeiche est sans doute le mieux connu des picidés chez les auteurs anciens, avec le Pic vert. Au delà du caractère commun de l'espèce, ils ont très tôt noté des nuances importantes dans sa répartition : en basse Limagne, dans le Puy-de-Dôme, par exemple, où il était déjà qualifié de "rare" dès le milieu du XIXème siècle (De Chalaniat, 1846), de même qu'au dessus de 1 000 m, où il pouvait même être "introuvable", dans le Massif Central, au milieu du XXème siècle (Cantuel, 1949). Dans le Cantal, quelques années plus tôt, ce dernier auteur le notait en outre "un peu plus rare" que le Pic vert (Cantuel, 1923). La présente enquête n'apporte pas de remise en cause fondamentale de ces connaissances anciennes, même si le statut de l'espèce en altitude a, peut-être, un peu évolué, à la faveur de l'accroissement de la couverture boisée. Elle ne signale pas non plus de modification dans sa répartition depuis les enquêtes précédentes (COA, 1977 ; COA, 1983 ; COA, 1989). Quant à l'évolution de ses effectifs, elle ne nous est pas précisément connue, faute d'études adéquates (Boitier, 2000). L'enquête STOC ne produit pas en effet de résultats significatifs pour le Pic épeiche, faute de données assez nombreuses (Guelin, 2001b) ou d'une tendance suffisamment marquée. Il semble néanmoins bien se porter en France (Julliard & Jiguet, 2005), où l'on constate une certaine expansion numérique depuis les années 1990, comme dans d'autres pays européens (Birdlife, 2004), en liaison avec l'augmentation globale des surfaces boisées et le vieillissement général de celles-ci (Flade, in Tucker & Heath, 1994), et on ne voit pas pourquoi ces deux phénomènes, bien visibles en Auvergne, n'y produiraient pas les mêmes effets. Une estimation des effectifs auvergnats à été proposée récemment : 3 600-15 000 couples pour l'Allier, 3 900-16 800 couples pour le Puy-de-Dôme, 2 600-11 900 couples pour la Haute-Loire, et 3 700-14 700 couples pour le Cantal, soit un total de 13 900-58 300 couples pour l'Auvergne (Meuret, à paraître et confirmer).

Menaces et mesures de conservation

Dans un mouvement général d'extension et de maturation des forêts, dans les zones difficiles d'accès de notre région où de très nombreux boisements sont peu ou pas exploités, mais aussi en plaine dans l'Allier, le Pic épeiche ne semble pas particulièrement menacé. Et même dans les milieux moins boisés, l'éclectisme et l'adaptabilité dont il fait preuve incitent à un certain optimisme. Toutefois, l'évolution actuelle de la gestion sylvicole de certains domaines de grande valeur pécuniaire vers une certaine optimisation économique (y compris dans les forêts domaniales), qui tend à réduire les périodes de révolution et à éliminer systématiquement tout arbre malade, abattu par les intempéries ou mort sur pied, pourrait faire diminuer de manière importante ses meilleures densités en forêt feuillue, voire même les faire tomber à zéro dans certains boisements de résineux. A ce sujet, la recommandation de l'ONF de conserver un "arbre à cavité" par hectare est un premier pas encourageant (Miquet,in CORA, 2003), qui semble heureusement prolongé, au moins dans l'Allier, par des efforts bien visibles pour conserver des arbres et des îlots de vieillissement, ou même mettre en place des réserves intégrales (Trompat, comm. pers.). De même, avec la disparition ou le morcellement des vieilles ripisylves, menace aujourd'hui loin d'être totalement écartée par les mesures méritoires de protection mises en place ici et là en Auvergne, certaines populations florissantes pourraient voir leurs effectifs diminuer. Au même titre que le Pic noir, mais à une autre échelle vu ses effectifs, l'épeiche est un très grand pourvoyeur de cavités. C'est donc une espèce "clé" au sein de beaucoup d'écosystèmes, qu'ils soient totalement forestiers, ou seulement arborés (Miquetin CORA, 2003) : de sa bonne santé dépend donc celle de nombreuses autres espèces cavernicoles, oiseaux ou mammifères. A ce titre et malgré sa banalité, elle mériterait donc un suivi plus régulier et des études plus poussées que ce qui a cours, ce qui ne manquerait pas d'améliorer nos connaissances aujourd'hui imprécises sur ses effectifs et leur évolution !

Jean-Philippe Meuret (2010


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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