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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
Pic noir (Dryocopus martius)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Répartition régionale

En Auvergne comme presque partout en France, le Pic noir est désormais présent à toutes les altitudes, pourvu que le couvert forestier soit suffisamment important. Ainsi, la carte de l'enquête confirme globalement son omniprésence en dehors des zones presque sans arbre qui constituent le fond de la Limagne, les estives du Sancy, du Cézallier et des monts du Cantal, et enfin la Planèze de Saint-Flour. Il semble également éviter certains secteurs pauvres en boisements, en quantité ou en qualité, comme le Val de Loire, les environs de Lapalisse et une partie du bocage de l'Ouest, dans l'Allier, ainsi que le nord-ouest des basses Combrailles, dans le Puy-de-Dôme, même si une prospection plus intense aurait peut-être permis de le trouver. La plupart des autres lacunes sont, elles, très probablement imputables à une prospection insuffisante, comme dans la basse montagne bourbonnaise, les monts de la Madeleine voisins (Crouzier, in CORA, 2003), dans l'Allier, la haute vallée de la Dore, dans le Puy-de-Dôme, les hauteurs du Devès, en Haute-Loire et enfin les environs de Mauriac et d'Aurillac dans le Cantal. Il faut dire que l'espèce n'est pas si aisée à détecter partout, du fait de l'étendue de son domaine vital et de sa discrétion en période de reproduction, plus précoce que celle de beaucoup d'autres espèces et coïncidant donc mal avec la période de plus forte prospection. A fortiori, la découverte de nombreux sites de nid est une tâche difficile, à moins d'y consacrer un temps incompatible avec le caractère omnispécifique de l'enquête, en cherchant systématiquement les loges par exemple (Lovaty, 2001). Et si les bastions révélés au cours des enquêtes précédentes rassemblent encore la majorité des indices de nidification certaine - forêts de l'Aumance et des basses Combrailles dans l'Allier, chaîne des Puys, Bois Noirs et Livradois-Forez dans le Puy-de-Dôme - il faut sans doute autant l'attribuer à une prospection plus efficace de ces secteurs bien connus qu'à des densités réellement plus élevées. La carte de fréquence signale par ailleurs d'autres zones bien occupées : le sud du Val d'Allier dans l'Allier, la vallée de la Sioule dans le Puy-de-Dôme, les monts de la Margeride dans le Cantal et la Haute-Loire, et les vallées de la Loire et du Lignon dans l'Issyngelais en Haute-Loire. L’altitude maximale de nidification certaine a été obtenue au Col de Prat de Bouc (15) avec un nourrissage à 1 500 m le 10/07/2000. Mais ce n’est pas l’altitude qui le limite chez nous puisqu’il est présent jusqu’à plus de 2 000 m dans les Alpes (Crouzier, in CORA 2003).

Ecologie et habitats

Oiseau considéré par le passé comme caractéristique de l'étage montagnard et de ses hêtraies pures ou mêlées de conifères, le Pic noir est également présent depuis longtemps dans les vieilles chênaies équiennes du bocage de l'Aumance. Avec la conquête récente et assez massive de tout le territoire français, il semble en outre s'être adapté rapidement et avec un certain succès à d'autres milieux, pourvu qu'il y trouve de nombreux arbres morts, malades, abattus et leurs souches, ainsi que des fourmilières, qui lui fournissent la majeure partie de son régime alimentaire assez spécialisé : insectes xylophages, fourmis et leurs larves (Crouzier, in CORA, 2003). En Auvergne, en dehors de ses milieux considérés comme originels, le Pic noir a également conquis presque tous les lieux où des arbres âgés sont suffisamment nombreux, y compris aux plus basses altitudes : collines et vallons boisés, grands parcs, peupleraies, ripisylves. Il n'est guère absent que des zones de grande culture comme la Limagne, et encore y est-il observé sporadiquement. Mais ses densités, toujours faibles vue l'étendue du domaine vital (plusieurs centaines à plusieurs milliers d'hectares), sont très variables, et c'est tout de même dans les milieux où l'occupation est la plus ancienne qu'elles sont les plus élevées : au-dessus de 700-800 m dans les grandes vallées boisées des parties élevées des bassins de la Loire et de l'Allier, les forêts d'altitude en Haute-Loire, Puy-de-Dôme et dans le sud-est de l'Allier, et, à l'opposé, à basse altitude, les vieilles futaies de chênes de l'Aumance, dans l'Allier. Dans les zones de ripisylves en plaine, souvent les plus récemment conquises, et indiquées voici quelques années comme faiblement et ponctuellement occupées (Joubert, 1994), les contacts se multiplient, comme dans le Val d'Allier bourbonnais.

Presque en tous lieux, l'espèce semble particulièrement liée à la présence, même en isolats, de grands Hêtres (Fagus sylvatica) pour le site de nidification auquel elle se montre très fidèle : les cas de sites installés pendant de nombreuses années consécutives dans un bouquet de hêtres, où même un seul arbre, isolé au cœur d'un bois sont courants (Joubert, 1994). Les arbres à loge(s) semblent d'ailleurs susciter un remarquable attachement : ils sont très souvent retravaillés d'année en année, chacune apportant une nouvelle entame, une nouvelle entrée ou d'autres aménagements internes. Le Pic noir peut également utiliser d'autres essences feuillues que le Hêtre (Chênes, Peupliers, et même Platane ...), ou même conifères, bien que les Epicéas, le Douglas ou les Pins, trop résineux, semblent évités sauf quand ils sont secs. Cependant, dans les monts du Livradois, où le Hêtre devient rare, la moitié des loges est creusée dans les Sapins, essences produisant peu de résine aux blessures (Vigier D., comm. pers.). Indépendamment de l'essence, sa préférence va très nettement vers les sujets élancés dépourvus de branche ou de plante grimpante sur une dizaine de mètres, et d'un diamètre d'au moins 30 cm (la cavité est de taille !). En tout cas, l'entrée de la loge est toujours placée de manière à ce que la zone d'envol soit dégagée, et se trouve très rarement au-dessus d'une branche maîtresse (Vigier, 1979). Notons enfin que toutes les cavités forées ne sont pas des loges de nidification (entames diverses, loges dortoir...), loin s'en faut : des recherches systématiques en forêt des Prieurés-Moladier dans l'Allier sur 540 ha ont ainsi permis de découvrir 72 cavités (Guelin, 2001). On en a dénombré encore 54 sur 21 arbres dans la hêtraie de 200 ha du Parc d'Allagnat, Puy-de-Dôme (Guelin, non publié).

Quelques études donnent des densités concordantes dans les 2 types de biotopes les plus favorables : 1 couple sur 913 ha en forêt de Lespinasse, Allier (Lovaty, 2002a) ; 20 à 25 couples sur 238 km2 dans le Sancy (63), soit 1 couple pour 950 à 1 200 ha (Gautier et al., 1992) ; au moins 25 couples sur 284 km2 dans le haut Forez, Puy-de-Dôme, soit 1 couple pour au plus 1 150 ha (Tourret, 1993) ; 20 à 25 couples sur 150 km2 en chaîne des Dômes dans les années 1980-1990, soit 1 couple pour 600 à 750 ha, population ré-évaluée au printemps 2007 à plus 30 couples, soit 1 couple pour moins de 500 ha (Guelin, non publié). Signalons enfin une population particulièrement dense de 7 à 8 couples sur 1 800 ha de futaies âgées dénombrée en 2002 en forêt de Tronçais, soit 1 couple pour 225 à 260 ha (Trompat, non publié). Ces densités, moyennes à fortes, ne peuvent bien sûr pas être extrapolées brutalement à toute l'Auvergne. Toutefois, la forte proportion des milieux favorables à très favorables et leur répartition dans notre région justifient tout à fait les estimations de populations départementales proposées en 1999 (Boitier, 2000) : 100 à 200 couples pour l'Allier, 100 à 300 pour le Cantal, 200 à 500 pour le Puy-de-Dôme et autant pour la Haute-Loire, soit 600 à 1 500 couples au total.

Phénologie et biologie de reproduction

Considéré comme habituellement farouche, le Pic noir se montre pourtant peu discret à la saison des amours : tambours impressionnants, chants fréquents et poursuites bruyantes signalent clairement l'espèce dans les secteurs occupés. Ces manifestations commencent en général en février, mais parfois plus tôt (chants dès le 14/01/2001 à Champclause, Haute-Loire et 25/01/2003 à Limons, 63), et durent, pour les couples nicheurs, jusqu'à la ponte, souvent fin avril ou début mai (durant l'enquête, 4 données d'oiseaux au nid dans la dernière décade d'avril), parfois plus tôt également (Crouzier, in CORA, 2003). Faute de données précises, nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer certains constats de retards de ponte attribués à l'altitude ou à la froideur du climat local (Colmant, 2003). Plus encore que chez le Pic vert, commence alors une période de discrétion absolue, qui peut faire croire à la disparition complète d'oiseaux nettement cantonnés quelques semaines auparavant. Les œufs éclosent 2 semaines plus tard (pulli au nid le 22/05/2001 à Nébouzat, 63), mais ce n'est qu'à l'approche de l'envol, 4 semaines plus tard, que les jeunes peuvent se laissent aller à moins de discrétion et permettre ainsi à l'observateur de les découvrir, fin mai ou début juin, parfois avant. Après l'envol, la famille semble rester unie quelques semaines, avant de se désagréger en juillet-août (Geroudet, 1998). A la fin de l'été et en automne, bien qu'assez discrets, les jeunes oiseaux souvent solitaires font montre d'un certain erratisme qui peut les amener loin des zones de nidification habituelles (Crouzier, in CORA, 2003), mais qui le deviendront peut-être bientôt... Des chants et tambours sont sporadiquement entendus jusqu'en juillet (chant le 25/07/2001 en forêt de Tronçais, 03 ; tambour le 03/08/2002 à Champs, 63), peut-être en lien avec l'éviction des juvéniles du territoire parental qui se produit à cette époque. Les adultes, clairement sédentaires, restent fidèles à leur vaste domaine vital tout au long de l'année.

Evolution des populations

Même si l'on ne sait pas depuis quand, le Pic noir semble installé de longue date dans une bonne partie de l'Auvergne. En Haute-Loire, il est en effet déjà présent en 1827 du côté de La Chaise-Dieu, dans le Val de Loire et dans le Velay, et on l'indique de l'autre côté du département, en Margeride avant 1850 (De Chalaniat, 1846) ou même nicheur en 1889 (Joubert, 1994). On le connaît aussi avant 1850 dans les sapinières d'altitude des cantons d'Ambert, Noirétable et Saint-Germain-l'Herm, dans le Puy-de-Dôme (De Chalaniat, 1846), et encore dans l'Allier, un peu plus tard, mais en plaine cette fois, comme à Villeneuve-sur-Allier (Olivier, 1897) ou en forêt de Tronçais (Villate Des Prugnes, 1912). Les auteurs cités l'indiquent toujours rare ou peu commun. Dans la chaîne des Dômes, où les boisements actuels sont assez récents, il ne doit être bien implanté que depuis le milieu du siècle dernier (Guelin, non publié). Dans le Cantal, enfin, il était "peu présent, voire absent" au début du XXème siècle (Boitier, 2000), même si les données légèrement antérieures de la Margeride altiligérienne permettent d'envisager une certaine occupation de l'extrême est du département, au moins.

Plus récemment, l'espèce a connu depuis les années 1960 une extraordinaire expansion vers l'ouest dans les zones de plaine d'Europe occidentale (Cuisin in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994), au point d'atteindre aujourd'hui l'extrême pointe de la Bretagne continentale. Ce violent changement dans les habitudes de l'espèce pourrait d'ailleurs suggérer que cette "invasion" n'est pas le fait des vieilles populations spécialisées des zones d'altitude (Alpes, Pyrénées, est du Massif central...), mais d'oiseaux d'Europe centrale, par exemple (Cuisin, in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994). En tout état de cause, la forte augmentation de la couverture boisée en Europe de l’Ouest depuis la fin du XIXème siècle (elle a depuis été multipliée par 2,5 en Auvergne), la grande place tenue par les conifères dans cette évolution et le vieillissement général des boisements feuillus et résineux sont probablement des facteurs majeurs de cette expansion (Nilsson, inHagemeijer& Blair, 1997 ; Vansteenwegen, 1998). En Auvergne, du fait même d'une occupation ancienne, la progression géographique peut sembler avoir été moins spectaculaire, mais tous les observateurs s'accordent pour noter une nette augmentation des effectifs, au moins en moyenne montagne et en plaine (Brugiere, 1988), en dehors de la Haute-Loire déjà bien occupée (Boitier, 2000). Et ce renforcement des populations se traduit encore aujourd'hui de ci de là par une petite progression géographique. Ainsi, dans le Cantal, la conquête du sud-ouest du département, déjà entamée dans les années 1970 (Choussy, 1971), semble maintenant en voie d'achèvement, en témoignent la carte de l'enquête de terrain mais aussi les observations de plus en plus fréquentes faites au nord-est du Lot depuis les années 1990 (Joachim et al., 1997). De même, la frange ouest du Puy-de-Dôme semble s'être encore peuplée depuis l'enquête précédente (COA, 1983), même si la nette progression vers l'ouest dans le Limousin voisin date maintenant des années 1970 et 1980 (SEPOL, 1993). Enfin, dans l'Allier, la Sologne bourbonnaise et le bocage de l'Est, où l'enquête précédente n'avait quasiment pas signalé l'espèce, sont maintenant occupés.

Menaces et mesures de conservation

En Auvergne comme ailleurs en France, le Pic noir semble en très bonne santé, en témoignent sa récente expansion vers l'ouest et la croissance générale de ses effectifs observée partout à moyenne et basse altitude. Mais si cette santé est réjouissante, elle n'en demeure pas moins liée à l'existence de boisements relativement âgés et modérément ou peu exploités, comportant de nombreux arbres morts, malades ou abattus par les intempéries. Et si de tels biotopes semblent se maintenir voire même s'étendre et s'améliorer dans certaines zones d'altitude (Joubert, 1994), à la nuance près de la raréfaction du Hêtre, ils sont peut-être plus menacés dans les plaines de l'Allier, non seulement par une certaine augmentation de la pression économique sur les vieilles chênaies équiennes, mais encore, à court ou moyen terme, par les coupes à blanc massives qui attendent ces boisements arrivant très souvent en fin de révolution actuellement (obs. pers.). Nul doute qu'une baisse brutale des surfaces de vieilles futaies réduirait fortement les populations, même si dans un premier temps, la quantité de souches à disposition atténuerait le choc. Encore plus que pour les autres pics forestiers, à canton moins vaste, la préservation des populations de pics noirs dans ces boisements de plaine passe donc par le maintien et l'entretien à grande échelle et sur le long terme d'une mosaïque dans laquelle les vieilles parcelles sont toujours correctement représentées. En plaine également, la sauvegarde des vieilles ripisylves permettrait de confirmer les installations récentes. A moyenne et plus haute altitude, où l'espèce semble très liée au Hêtre pour ses sites de nidification, la conservation des grands Hêtres élagués dans les forêts de conifères, ou même la création de hêtraies, semble également devoir lui être utile (Colmant, 2003 ; Mulhauser et al., 2001). Et dans tous ces milieux, tous les arbres à loges devraient être laissés sur pied : rappelons ici l'importance écologique du Pic noir, dont la prodigalité en cavités spacieuses permet à une faune nombreuse et variée, à poils ou à plumes, de trouver des gîtes confortables (Cuisin, 1988). La présence en Auvergne de l'emblématique Chouette de Tengmalm en est un bel exemple.

Jean-Philippe Meuret (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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