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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
 Pic cendré (Picus canus)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Répartition régionale

Toutes les enquêtes publiées à ce jour le soulignent : le Pic cendré trouve en Auvergne une limite sud de sa répartition nationale (Cuisin, in Rocamora & Yeatman-Berthelot, 1999). Et la présente ne fait pas exception, en montrant un émiettement nettement croissant des populations à mesure que l'on descend vers le sud. Ainsi, dans l'Allier, l'espèce occupe très régulièrement les massifs forestiers de plaine, comme ceux de l'Aumance, son vaste bastion auvergnat, ou du secteur de Randan-Marcenat, au sud-est. Dans le Puy-de-Dôme, elle est également présente dans les forêts collinéennes des basses Combrailles, dans les ripisylves de la moyenne vallée de la Sioule et dans les Couzes. Plus sporadiquement, on l'observe aussi sur les bassins du Sioulet et de la haute Dordogne, dans le Val d'Allier et enfin dans les Varennes. En Haute-Loire, où le Pic cendré était connu dans les vallées de l'Allier et de l'Alagnon (Brugiere, 1989), peut-être aussi celle de la Desges, et où le Val de Loire avait donné 2 contacts en 1989 et 1991, on n'a obtenu que trois données au début de cette enquête : une dans les gorges de l'Alagnon (Torsiac), une dans le Val d’Allier brivadois (Azerat) et une autre sur le haut Allier, à 800 m d'altitude (Saint-Haon). Dans le Cantal, enfin, quelques contacts ont été obtenus dans le voisinage des grandes vallées de la Dordogne et peut-être de la Truyère, ainsi que dans le bassin de Maurs, où l’espèce atteint sa limite sud française (Cuisin, in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994). Mais la vallée de l'Alagnon, autrefois occupée (COA, 1977), n'en a produit aucun. L'impression certaine de déclin qui se dégage de la carte de répartition obtenue, tout au moins pour la moitié sud de notre région, peut toutefois être légèrement tempérée : le Pic cendré étant particulièrement discret et difficile à contacter dans ses biotopes (Lovaty, 2001), on ne peut totalement exclure une certaine sous-estimation de la réalité, lors d'une enquête peu adaptée à son recensement. Le Pic cendré atteint l'altitude de 600-650 m dans les basses Combrailles (Forêt des Colettes à Echassières, 03 ; Ars-les-Favets et la Crouzille, 63) ou bien dans les gorges de la Maronne (Arnac, 15). Quelques autres données en période favorable dépassent cette altitude, mais manquent de suivi (Cisternes-la-Forêt, 800 m, et Chambon-sur-Lac, 875m, 63; Saint-Haon, 800 m, 43). Et on ne sait pas si ces populations, probablement installées à ces altitudes, restent sur place en hiver ou bien se livrent comme ailleurs à des mouvements altitudinaux (Tucker & Heath, 1994).

Ecologie et habitats

Amateur de zones dégagées comme le Pic vert, le Pic cendré est toutefois généralement plus forestier et nécessite une certaine densité d’arbres âgés et de bonne taille (Dubois et al., 2001). Son mode d’alimentation est moins terrestre et son spectre alimentaire moins étroit que celui de son proche cousin, même s’il consomme souvent des fourmis (Geroudet, 1998). Fort logiquement, on le trouve donc principalement dans deux types de milieux correspondant à cette description : les vieilles chênaies équiennes des plaines et collines de l'Allier, les ripisylves et certaines forêts de pentes, même si toutes celles qui semblent favorables ne sont pas occupées. Il peut également occuper des futaies de hêtres sur versants abrupts, voire encore un bocage clair associé à des ripisylves en Haute-Loire (Joubert, 1994), ou bien des boisements clairs de pente à chênes pubescents dans les Couzes (Bernard M., comm. pers.). Il est absent de la Réserve Naturelle du Val d’Allier et l’observation du 15/03/2006 constitue une première (Dejaifve, 2006).

Espèce à grand canton et à territoires disjoints (Lovaty, 2001), elle n'est jamais abondante même dans l’Allier qui abrite l'essentiel de la population auvergnate. Des études quantitatives dans ce département ont donné les chiffres suivants : entre 1975 et 1977, en forêt des Prieurés-Moladier, sur 239 ha de vieille futaie (140 à 170 ans), 3 couples cantonnés (Lovaty, 1980) ; en 2000, en forêt de Lespinasse, sur 913 ha, 4 couples (Lovaty, 2001). Cette dernière étude relève également, par des mesures objectives, que les densités de Pics cendrés augmentent légèrement avec l'âge et le stade d'exploitation des vieilles futaies, à l'inverse du temps de présence journalier dans chacun de ces boisements. Elle souligne en outre les difficultés du recensement d'une espèce dont l’activité vocale et le tambourinage subissent d'importantes variations annuelles, en montrant que la probabilité de contact est faible et décroît fortement après 10 heures du matin. En 2002, en suivant une méthode de dénombrement rapide adaptée à l'espèce (Lovaty, 2001) en forêt domaniale de Tronçais, sur environ 1 800 ha de futaies favorables âgées pour près de 80 % de 100 à 175 ans, Trompat (non publié) a estimé la population à 12-16 couples cantonnés, soit une densité de 0,6 à 0,9 couple pour 100 ha.

Phénologie et biologie de reproduction

Coïncidant avec les premiers comportements nuptiaux, les premiers chants sont entendus parfois dès fin décembre (COA, 1983), en général vers mi-janvier (le 12/1/2002 à Meaulne, 03 ; le 13/1/2002 à Bellenaves, 03). Ils ne deviennent réguliers qu'en mars, période la plus favorable à la détection (Lovaty, 2001) et avril, et déclinent en intensité dès la ponte courant mai, mais sont à nouveau audibles pendant la phase d’élevage des jeunes (obs. pers.). La durée de la couvaison est de 14-15 jours et l’envol des jeunes se produit après 24 à 28 jours d’élevage (Cuisin, in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994). Au cours de la présente enquête, un seul nid a été découvert et suivi, tâche difficile, à Saint-Bonnet-Tronçais (03) en 2004. L'ouverture de la loge, de forme plus ovale que ronde, était située à 12 mètres de hauteur dans un hêtre en partie dépérissant, à l'emplacement d'un ancien nœud. Au moins 5 jeunes ont été notés à l’envol (3 femelles et 2 mâles). Le premier, une femelle, a quitté le nid le 13 juin, suivi par le reste de la famille le 15. Cette loge a servi de dortoir au père des jeunes pendant l’hiver suivant, et a été reprise au printemps 2005 par un Pic épeiche Dendrocopos major qui en a agrandi l'entrée (obs. pers.).

Après la nidification et jusqu’en septembre ou octobre, on note une certaine reprise du chant, peut-être liée à la dispersion des jeunes en recherche de territoires. En tout état de cause, les mouvements que l'on observe à cette époque, en témoignent des observations dans le bocage, au bord d’étangs, dans des ripisylves, mais aussi en altitude, sont mal expliqués, et l'adjectif « erratiques » est celui qui les caractérise le mieux. En dehors de ces déplacements, l'espèce est a priori sédentaire (Dubois et al., 2001)

Evolution des populations

Apparemment inconnu des auteurs anciens, le Pic cendré n'est mentionné qu'à partir du milieu du XXème siècle en Auvergne : supposé absent du Cantal et rare en Haute-Loire, il est signalé dans tout le reste du Massif Central, sans plus de précision (Cantuel, 1949). En Haute-Loire, même si une circulation probablement insuffisante de l'information a pu faire croire le contraire (COA, 1977), plusieurs secteurs du Val d'Allier, des hautes gorges jusqu'à la plaine de Brioude, ainsi que la vallée de l'Alagnon en aval, semblaient occupés de longue date (Brugiere, 1989). Depuis 1996, cependant, les contacts avec l'espèce dans ce secteur pourtant bien prospecté sont brutalement devenus rares. A l'est du département, dans le voisinage des gorges de la Loire, les 2 données de 1989 et 1991 sont restées sans suite (Roche, 1991 ; Blanchon et al., 1992). Dans le Cantal, l'occupation des ripisylves et bois de pente des grandes vallées de l'Alagnon, de la Truyère et de la Dordogne, ainsi que des vallons boisés de la Châtaigneraie, semble ancienne (COA, 1977), même si, probable mauvaise transmission de l'information encore, elle n'avait pas été confirmée dans les années 1980 (Cuisin, in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994). La présente enquête donne, elle, une répartition conforme à celle relevée dans les années 1970, mais avec des indices plus faibles et des données plus éparses. De même, en continuité vers le nord, dans le Puy-de-Dôme, la population des Couzes et du Val d'Allier issoirien, secteur également très suivi par les observateurs, semble s'être morcelée depuis les années 1980 (Brugiere, 1989). Plus au nord du Puy-de-Dôme, la population de la vallée de la Sioule et des basses Combrailles semble encore présente, même si les données sont moins nombreuses et les indices plus faibles que lors des enquêtes précédentes (COA, 1989). Sur les bassins du Sioulet et de la haute Dordogne, dans le sud-ouest du même département, l'espèce est toujours observée sporadiquement, comme par le passé. Dans l'Allier enfin, l'aire de répartition ne semble pas montrer de réelle faiblesse dans le bocage de l'Aumance au nord-ouest, ou dans le pays de Marcenat-Randan, au sud-est. Entre ces deux bastions, des zones autrefois occupées n'ont donné aucun contact, mais elles n'ont peut-être pas été prospectées assez tôt en saison. En ce qui concerne les densités locales, les données précises nous manquent pour évaluer un possible déclin, même s'il est permis de le soupçonner fortement au sud de l'Auvergne, en témoigne la quasi-disparition inexpliquée des noyaux de population du sud du Puy-de-Dôme et de l'ouest de la Haute-Loire. La grande discrétion de l'espèce nous oblige cependant à rester prudents : des prospections plus ciblées apporteraient peut-être quelques surprises.

La population auvergnate, que l'on peut donc qualifier aujourd'hui d'assez à très localisée, a été estimée à 162-450 couples en 1999, soit 100-300 pour l'Allier, 50 à 100 pour le Puy-de-Dôme, 2-20 pour la Haute-Loire et 10-30 pour le Cantal (Boitier, 2000). Les résultats de la présente enquête nous incitent à revoir cette estimation à la baisse pour le Puy-de-Dôme, avec 15-50 couples seulement ; pour l'Allier en revanche, un minimum de 150 couples nous semble plus conforme à la réalité ; on obtient ainsi 177 à 400 couples pour l'Auvergne, alors que la population française, par ailleurs mal connue, en comporterait moins de 10 000 (Cuisin, in Rocamora & Yeatman-Berthelot, 1999). Les populations, françaises comme européennes, auraient un statut incertain, mais plutôt défavorable. La récente liste rouge nationale (IUCN, 2008) l'a classée comme espèce vulnérable, comme d'ailleurs celle de l'Auvergne.

Menaces et mesures de conservation

Attaché comme les autres pics aux arbres âgés, le Pic cendré bénéficierait probablement d'une gestion forestière soucieuse de ne pas éliminer systématiquement les arbres morts ou malades et de laisser vieillir certains individus à bois tendre, ou encore de toujours conserver certaines vieilles futaies lors des coupes à blanc. Dans l'Allier, il a été montré que les belles populations des futaies équiennes de cette espèce à grand canton se portent bien lorsqu'elles disposent de grandes surfaces de boisements âgés homogènes, mieux en tout cas que dans des boisements similaires mais morcelés. Pour atténuer le choc des coupes à blanc inévitables, la forêt exploitée idéale serait donc une mosaïque à grandes mailles (plusieurs centaines d'hectares) de boisements homogènes dans laquelle chaque maille serait en contact avec des mailles de la tranche d'âge immédiatement supérieure ou inférieure, pour permettre le déplacement à courte distance des territoires détruits (Lovaty, 2002b). Le Pic cendré serait aussi sans doute favorisé par des mesures en faveur de la protection des ripisylves, son milieu de prédilection en Auvergne en dehors de l'Allier. Cependant, si l'on met de côté les fluctuations d'effectifs observées chez d'autres espèces en limite d'aire de répartition, les données nous manquent pour saisir les raisons profondes de son apparente disparition de secteurs autrefois bien occupés, comme le Val d'Allier altiligérien, où de belles ripisylves sont pourtant toujours présentes.

Jean-Philippe Meuret & Arnaud Trompat (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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