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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
Torcol fourmilier (Jynx torquilla)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Répartition régionale

En Auvergne, le Torcol fourmilier est présent essentiellement à basse et moyenne altitude, mais sa répartition est souvent clairsemée. Ainsi, dans l'Allier, il n'est plus guère que le Val d'Allier, le Val de Loire, le pays de Tronçais et le Montluçonnais où il est encore régulier. Son absence presque totale des bocages de l'Est et de l'Ouest ainsi que de la Sologne bourbonnaise n'est que la confirmation des enquêtes précédentes (COA, 1983 ; Goy,in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994). Dans le Puy-de-Dôme, s'il semble éviter les zones d'altitude et se cantonner dans la Limagne et ses collines périphériques, le Val d'Allier, les Couzes et la vallée de la Sioule, il occupe tout de même les Hautes Combrailles ainsi que les plateaux chauds du sud du département jusqu'à 900 m (Dulphy, 1994). En Haute-Loire, la répartition du Torcol est limitée par l'absence de milieux favorables au-dessus de 1 000 m (Joubert, 1994). Mais dans les vallées et bassins à plus basse altitude, il semble présent presque partout : Val d'Allier, bassin du Puy-en-Velay, Val de Loire et Yssingelais. Dans le Cantal enfin, la moitié ouest, où la pluviométrie annuelle dépasse presque partout 1 200 mm, a fourni très peu de données, malgré une prospection satisfaisante. Dans la moitié est, plus sèche, la répartition est nettement plus régulière, en particulier sur la Planèze de Saint-Flour. Il est possible que des recherches plus poussées permettraient de le trouver plus régulier en périphérie ouest et sud du département, sur la Dordogne (SEPOL, 1993) et le Lot (Joachim et al., 1997), en continuité avec les populations voisines de la Corrèze, du Lot et de l'Aveyron. La nidification certaine la plus élevée a été obtenue à 840 m avec des juvéniles observés le 01/08/2000 à Riom-ès-Montagnes (63). Mais des couples sont régulièrement cantonnés, et probablement nicheurs, jusqu'à 1 100 m en Haute-Loire et dans le Cantal, et jusqu'à 850-900 m dans le Puy-de-Dôme. Au-dessus, les contacts avec des chanteurs ou même des couples semblent souvent sans suite : chanteur le 01/05/2005 à 1 223 m à Thoras (43), en mai 1999 à 1 350 m aux Estables (43) et le 01/05/1993 à 1 500 m au Mont-Dore (63).

Ecologie et habitats

En Auvergne comme ailleurs, le Torcol a besoin de deux éléments essentiels dans son domaine vital : d'une part des étendues à végétation rase ou absente accueillant des populations suffisantes de fourmis, qui constituent une bonne part de son régime alimentaire, et d'autre part des arbres suffisamment vieux pour offrir des cavités, naturelles ou forées par d'autres picidés, puisqu'il n'en semble pas capable. Un nichoir peut également faire l'affaire. Mais si ses biotopes de prédilection se caractérisent par un bon ensoleillement et des sols bien drainés sans être trop secs pour autant (Geroudet, 1998), ils se différencient généralement de ceux de son cousin le Pic vert par une certaine tendance xérothermophile (Goy,in CORA, 2003). C'est peut-être une partie de l'explication de sa quasi-absence de la moitié sud-ouest du Cantal, très arrosée, et au contraire de sa relative abondance dans une grande moitié sud-ouest de la Haute-Loire et à l'est du Cantal, secteurs parmi les plus ensoleillés d'Auvergne aux altitudes favorables. Ces exigences conduisent l'espèce à occuper un peu partout en Auvergne des milieux assez variés : vieux vergers et périphérie des villages, parcs, bocage à pâtures sèches, landes et vieilles haies préservées, lisières des bois, coupes forestières (COA, 1983 ; Goy,in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994), ripisylves et forêts alluviales claires, haies de peupliers au bord des cours d'eau, mais aussi bois purs de Robiniers faux-acacias, "dont le feuillage léger ne s'oppose pas à un bon éclairement des sous-bois" (Joubert, 1994).

Les données de densités ou de concentrations locales sont rares, alors que l'espèce est considérée par certains auteurs comme se reproduisant en colonies lâches (Goyin CORA, 2003). Outre les duos de chanteurs proches, qui ne sont souvent que le mâle et la femelle du même couple, nous disposons de deux chiffres déjà anciens en Haute-Loire : 6 chanteurs réguliers en 1982 autour de La Séauve-sur-Semène et 3 couples cantonnés en 1980 dans un reliquat de 6 ha de forêt alluviale à Polignac (Joubert, 1994). Plus récemment au tout début des années 2000, dans le pays des Couzes (63), Boitier (non publié) a mesuré sur plusieurs quadrats totalisant 50 km2 une densité d'un chanteur pour 100 ha, densité qu'il estime généralisable à tout ce secteur favorable.

Phénologie et biologie de reproduction

En moyenne, les premiers migrateurs prénuptiaux abordent le sud de notre région à la toute fin du mois de mars ou au début d'avril, et se signalent rapidement par leurs chants (au plus tôt le 24/03/2001 à Polignac, 43 ; le 26/03/2004 à Saint-Just, 15 ; le 30/03/2004 à Neschers, 63), tandis que le département de l'Allier n'est atteint qu'une ou deux semaines plus tard (au plus tôt le 06/04/2001 à Désertines). Il est très probable cependant qu’une partie des premiers chanteurs ne soient que des oiseaux en cours de migration. Certaines années, on peut touttefois relever des dates d'arrivées plus précoces ou plus tardives de 3 semaines (Joubert, 1994). Deux études qui donnent des dates moyennes de première observation sur un nombre d'années conséquent, semblent pourtant contredire ce décalage nord-sud, mais c'est probablement l'altitude qui provoque cette inversion : le 18 avril en moyenne (+ ou – 10 jours), sur 180 km2 dans les cantons d'Allègre et de Saint-Paulien (43) entre 780 et 1 170 m d'altitude, entre 1976 et 2001 (Lebreton, 2002) ; le 9 avril en moyenne (date extrêmes : le 25 mars et le 18 avril) sur un unique site suivi entre 1974 et 1990 à Désertines, Allier (Bulidon, 1991). Les chants s'intensifient très rapidement, pour devenir véritablement incessants, le mâle et la femelle vocalisant souvent en duo, à quelque distance l'un de l'autre, faisant parfois croire à 2 cantons différents (Geroudet, 1998). Ces manifestations deviennent plus rares chez les couples nicheurs à partir de la ponte, pour laquelle nous ne disposons que de quelques données : elle est normalement déposée en mai (Joubert, 1994), voire fin avril, comme en témoigne le suivi d'un couple au nichoir entre 2002 et 2005 à Saint-Martin-Valmeroux (15, altitude 630 m) avec 6 pulli le 15/06/2002, 9 le 03/06/2003, 6 le 11/05/2004 et 8 le 27/05/2005. A noter aussi un nid avec 6 œufs trouvé par M. Rochaud le 20 mai 1974. Les jeunes s'envolent généralement environ un mois plus tard, en juin (5 sur 9 des données de transport de nourriture, ce type d'observation étant probablement plus fréquent à la fin de l'élevage). Lorsque les conditions le permettent, de rares couples déposent une deuxième ponte peu de temps après l'envol de la première nichée en juillet (Geroudet, 1998), ce que laissent soupçonner deux données : un adulte au nid le 12/07/2002 à Miremont (63) et un autre transportant de la nourriture le 15/07/2004 à Roffiac (15). A partir de la fin juin, cependant, l'espèce se fait discrète : les chants, qui fournissaient jusqu'alors la plupart des contacts, se sont presque éteints (5 données sur 224 après le 1er juillet durant l'enquête). Que penser de ce chanteur noté le 13/08/2001 à Ally (43) : célibataire persévérant, migrateur inspiré ou jeune erratique en apprentissage ?

Les départs s'échelonnent principalement en août et septembre, de manière assez discrète, sans que l'on sache précisément distinguer l'erratisme des jeunes de la migration des adultes : à cette époque, on observe souvent des Torcols en des lieux où ils ne nichent pas. Quelques rares individus s'attardent encore en octobre, mais en Auvergne, le Torcol fourmilier est un migrateur strict : les seuls indices d'hivernage connus ont été obtenus dans le Puy-de-Dôme, aux Martres-d'Artière, le 8 janvier 1984 (Bach et al., 1985) et à Artonne, le 29 janvier 1989 (Roche, 1991).

Evolution des populations

Le Torcol est connu de longue date en Auvergne, et signalé dès le XIXème siècle comme un nicheur migrateur assez commun à très commun partout à basse altitude, mais rare ou absent en montagne (De Chalaniat, 1846 ; Cantuel, 1949). Plus récemment, dans le Puy-de-Dôme et dans l'Allier, l'érosion des effectifs et de la répartition en plaine, déjà notée au cours des précédentes décennies (Brugiere, 1989 ; COA, 1989 ; Boitier, 2000), semble malheureusement s'être poursuivie avec constance, comme en région Rhône-Alpes (Goyin CORA, 2003). Même si l'enquête de terrain n'est peut-être pas adaptée à la désormais généralement très faible densité de l'espèce et à sa discrétion en dehors de la courte période de chant, le nombre de carrés où elle a été notée dans ces milieux a sensiblement diminué en 20 ans (d'un facteur 2, par exemple, dans le fond de la Limagne ou dans le bocage de l'Aumance). En Haute-Loire, le fait que la population du Val d'Allier n'ait été que faiblement retrouvée par les observateurs (Goy,in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994) semble confirmer cette raréfaction à basse altitude, qui est par ailleurs soupçonnée depuis le début des années 1980 au moins (Joubert, 1994). Dans les zones collinéennes, les piémonts et sur les plateaux de moyenne altitude, en revanche, la situation semble différente : la carte de terrain ne montre en effet pas de contraction de la répartition. En ce qui concerne les effectifs, l'analyse des données collectées entre 1974 et 1993 dans le Puy-de-Dôme montre une stabilité certaine du nombre de contacts par observateur, stabilité qu'il est tentant d'attribuer à celle de la population elle-même, bien que les variations de l'effort de prospection soient inconnues, en liaison avec la relative permanence des paysages équilibrés favorables à l'espèce (Dulphy, 1994).

Au total, les effectifs auvergnats, globalement à la baisse, ont été estimés à 350-750 couples, soit 100-200 couples pour chaque département, sauf pour la Haute-Loire, donnée à 50-150 couples (Boitier, 2000). Les résultats de l'enquête de terrain, qui montrent une amélioration globale de la couverture, semblent permettre d'affiner ces fourchettes au moins les unes par rapport aux autres : stabilité pour le Puy-de-Dôme (100-200) considéré comme une référence plausible, à la baisse pour l'Allier (50-100), mais aussi pour le Cantal (75-150), probablement surévalué, à la hausse pour la Haute-Loire (75-150), sans doute sous évaluée. Cela ramène ainsi la fourchette auvergnate à 300-600 couples, dans une population française estimée à 7 000 - 20 000 couples (Birdlife, 2004) en diminution de 20 à 50% depuis les années 1970 (Olioso & Orsini in Rocamora & Yeatman-Berthelot, 1999 ; Julliard & Jiguet, 2005).

Menaces et mesures de conservation

Les exigences du Torcol en matière de biotope, vieux arbres et milieux pourvus en fourmis, semblent fournir deux raisons majeures parmi d'autres qui peuvent expliquer en partie sa raréfaction dans les plaines agricoles d'Auvergne : d'une part, le bocage y a été dégradé, voire parfois anéanti dans les dernières décennies, tout comme les vieux vergers, et en tous cas, les vieux arbres à cavités se sont beaucoup raréfiés, que ce soit ainsi ou pour les "raisons sanitaires" habituelles ; d'autre part, la progression de l'usage des pesticides et des engrais azotés a fait et fait encore diminuer les populations de fourmis et autres proies de l’espèce (Cuisin,in Geroudet, 1998). D'autres auteurs évoquent une autre hypothèse, liée à la tendance qu'a le Torcol à se reproduire en colonies lâches : atteignant leur seuil de viabilité du fait de la diminution des effectifs pour les raisons invoquées précédemment au moins, ces colonies disparaîtraient brutalement de place en place, accélérant ainsi la régression spatiale de l'espèce (Goy,in CORA, 2003). D'autres encore évoquent l'instabilité générale de l'espèce, connue pour ses fréquents abandons inexpliqués de cantons, voire même de pontes, et pour sa grande sensibilité aux aléas climatiques qui fait varier parfois du tout au tout sa productivité annuelle : cette fragilité naturelle rendrait l'espèce d'autant moins apte à résister aux agressions artificielles que subissent certains de ses milieux d'élection (Geroudet, 1998). Enfin, nous ne savons que peu de choses de l'hivernage de ce migrateur trans-saharien, et il est possible que de meilleures connaissances en la matière puissent nous éclairer sur ce déclin (Julliard & Jiguet, 2005).

Quelles mesures proposer pour tenter d'enrayer la disparition de l'espèce dans les milieux agricoles cultivés et périphériques ? Faute d'en savoir plus, on pense une fois encore au maintien des vieux arbres partout par la protection des haies, allées arborées, vieux vergers, ripisylves et forêts alluviales (et lorsqu'il y a tout de même destruction des sites de nidification, des nichoirs pourraient suppléer les cavités disparues), mais aussi au maintien ou à la reconstitution de secteurs de prairies et/ou de bandes enherbées dans les zones de cultures intensives, ainsi qu'un usage plus raisonné des pesticides, pour favoriser les populations d'insectes proies (Tucker & Heath, 1994). Mais, nos connaissances sur le Torcol semblent bien minces : pour être efficaces, il nous faudrait rapidement les améliorer, avant que nos populations collinéennes, encore en bonne santé, ne suivent peut-être à leur tour l'évolution constatée en plaine ces dernières décennies.

Jean-Philippe Meuret (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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