www.faune-auvergne.org
 Visiteur Anonyme  [J'aimerais participer]
VisionatureVisionature
Accueil
 
Les partenaires
Consulter
  Les observations
    - 
Les 2 derniers jours
    - 
Les 5 derniers jours
    - 
Les 15 derniers jours
 - 
Les galeries
Information
 - 
Toutes les nouvelles
 - 
Sur votre agenda
  Aide
    - 
Espèces à publication limitée
    - 
Explication des symboles
    - 
les FAQs
  Statistiques d'utilisation
Atlas et cartes de présence
 - 
Atlas des oiseaux nicheurs
 - 
Atlas communal
 - 
Cartes de présence
Documentation et identification
 - 
Doc Insectes
 - 
Doc Mollusques
Les liens

Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
 Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Population régionale : 100 couples

Population nationale : 1 500-2 000 couples

Population européenne : 36 800-70 900 couples (Russie exceptée)

Répartition régionale

En Auvergne la Chouette de Tengmalm montre une répartition très inégale, liée à son habitat. Elle est surtout présente dans la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme. Ses bastions principaux se situent dans les monts du Livradois (7 carrés, nombreuses données), ceux de la Margeride (4 carrés, 15 données), et la chaîne des Puys (2 carrés, nombreuses données). Les résultats pour les monts Dore (1 carré, 1 donnée) et les monts du Forez (1 carré, 2 données) ne reflètent sans doute pas, au moins pour le Forez, la réalité de son implantation. Dans la Haute-Loire, elle niche également dans le nord du Devès (région de Fix-Saint-Geneys, 1 carré, 6 données), ainsi qu'à l'est, dans le massif du Felletin (1 carré, 2 données). Elle n'est connue dans le Cantal que de la Margeride (2 carrés, 4 données), et serait à rechercher dans les monts du Cantal et le Cézallier, où il existe 3 données des années 1985, 1992 et 1993. Dans l'Allier, elle ne trouve ses habitats de prédilection que dans les monts de la Madeleine et les Bois Noirs, où les dernières données sont de 1992. Elle n'y a pas été contactée lors de la présente enquête. Cette répartition correspond donc pratiquement à l'ensemble des grandes zones boisées de montagne.

Ecologie et habitat

La Chouette de Tengmalm vit dans les forêts âgées et froides, à partir de 800/900m d'altitude dans la chaîne des Puys et les Bois Noirs, et de 1 000 m dans les autres secteurs. Dans la Margeride, elle se reproduit à 1 300 m et des chanteurs ont été entendus à 1 350 m. Elle utilise pour nicher les loges que le Pic Noir (Dryocopus martius) creuse dans le Hêtre (Fagus sylvatica) et le Sapin blanc (Abies alba) principalement. Ce sont donc les hêtraies plus ou moins mêlées de conifères (qui leur offrent le couvert nécessaire lors du repos diurne), ainsi que les sapinières d'altitude, qui constituent ses habitats en Auvergne. Son absence de certains sites, a priori favorables, peut localement s'expliquer par la présence de la Chouette hulotte (Strix aluco), qu'elle évite (Pedroli et al., 1975 ; Mikkola ,1983 ; Dejaifve et al., 1990, obs. pers.). Les massifs forestiers auvergnats offrent de nombreuses possibilités de nidification à la petite chouette, qui établit ses territoires au gré de la présence des loges, inégalement réparties. Ceux-ci peuvent ainsi être séparés de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres (en 2007, dans une petite hêtraie du Livradois, 2 nids occupés étaient distants de 40 m).

Strictement nocturne, elle chasse en forêt, ainsi que dans les clairières et les lisières. L'analyse (par P. Bayle) de pelotes de réjection et débris de fonds de nids, récoltés sur plusieurs années dans le Livradois, a permis d'identifier 204 de ses proies. Celles-ci étaient composées de micromammifères pour plus de 90% : Campagnols (près de 33 %), Mulots (28 %), Musaraignes (27 %), Lérots (2,5 %), auxquels s'ajoutent quelques oiseaux, du Roitelet au Merle (6,5 %), insectes (Bousiers) (2,5 %) et Grenouilles (0,5 %).

Phénologie et biologie de la reproduction

La Chouette de Tengmalm est réputée sédentaire. Si cela est vrai pour les mâles qui restent plus ou moins sur leur territoire toute l'année, les femelles et les jeunes sont, quant à eux, très mobiles, se livrant, comme les opérations de baguage l'ont montré dans d'autres régions (Korpimäki, 1981 ; Baudvin et al., 1985 ; Ravussin et al.,1993 ; Schwerdtfeger,1994), à des déplacements sur des distances parfois importantes, pouvant prendre certaines années un caractère invasif (Ravussin et al., 2001). Ces révélations remettent en question, pour certains (Ravussin et al., 2001), la notion de “relique glaciaire” souvent avancée pour expliquer la présence de l'espèce hors des régions boréales (Mebs & Scherzinger, 2006).

La reproduction est fortement liée aux fluctuations des populations de micromammifères et prend donc un caractère cyclique, bien étudié notamment dans les forêts de Finlande par Korpimäki (1981). Le nombre de nidifications tentéesestainsi très variable d'une année à l'autre : sur une vingtaine de territoires suivis dans le Livradois, l'écart va par exemple de 1 seule (2004) à 22 (2007).Les femelles, attirées par les chants des mâles, ne se fixent sur leurs territoires pour se reproduire que si elles y trouvent les meilleures conditions à la nidification et notamment une cavité adéquate et une nourriture suffisamment abondante. Les couples ne sont, en principe, unis que pour la durée d'une saison et des mâles chanteurs peuvent ne pas trouver de partenaire. Les années de disette, ils sont, par ailleurs, moins nombreux à se manifester, moins assidus et certains territoires paraissent désertés. C'est parfois dans la dernière décade de décembre, souvent en janvier, que les mâles commencent à chanter et cette activité se prolonge jusqu'en avril et au-delà, pour les oiseaux qui n'ont pas encore commencé leur reproduction. Le mâle cesse en effet de chanter lorsque la ponte est déposée, soit parfois dès la fin février. Les nichées interrompues peuvent donner lieu à des pontes de remplacement, précédées d'une reprise du chant, que l'on peut alors entendre jusqu'à la fin juin (dans le Livradois la date extrême notée est le 2 juillet). La taille des pontes, n'ayant pas fait l'objet de contrôles, n'est pas connue pour l'Auvergne. La seule donnée disponible provient de la chaîne des Puys, où une loge, dans un hêtre abattu en avril 1996, contenait cinq œufs et deux jeunes poussins (Amblard, 1996). Dans le Livradois, sur 100 nichées présumées entamées, suivies entre 1992 et 2007, 69 ont échoué et 31 ont réussi, produisant au moins 58 jeunes à l'envol ou proches de l'envol, soit 0,58 jeune par nichée entamée et 1,87 jeunes par nichée réussie. De nombreux échecs sont dus à la prédation par la Martre (Martes martes), mais beaucoup d'abandons restent inexpliqués, peut-être liés, en partie, à une insuffisance de proies. En temps normal, l'envol des jeunes se produit en mai (fin avril pour les nichées les plus hâtives) ou en juin. Cependant les échecs étant fréquents, on trouve parfois des jeunes, issus de pontes de remplacement, encore au nid en juillet et en août (date extrême de l'envol du dernier jeune d'une nichée dans le Livradois : le 3 septembre 1993). Les nichées réussies observées ont produit de un à trois jeunes à l'envol. Ceux-ci restent dépendants des adultes et peuvent être entendus pendant les six semaines qui suivent leur sortie, période où ils s'éloignent plus ou moins du site de nidification. En dehors de la période de reproduction cette chouette est extrêmement discrète.

Evolution des populations

Les forêts d'altitude favorables à cette espèce sont reculées, froides, régulièrement enneigées en hiver et sont alors peu fréquentées par les observateurs. Ce qui peut expliquer que la Chouette de Tengmalm a été découverte aussi tardivement en Auvergne. De plus elle n'est pas si facile à contacter. C'est en 1979 que fortuitement, elle fut trouvée nicheuse dans la chaîne des Puys (Guelin, 1979 ; Mouillard, 1980), où elle devint, dès lors, régulièrement observée. Des prospections s'ensuivirent et l'utilisation de “la repasse” du chant au magnétophone notamment, permit, dans les années quatre-vingts, de confirmer les premiers contacts, ou de révéler sa présence, très ponctuellement, dans les différents massifs. Elle fut ainsi découverte en 1983 dans les Bois Noirs (Allier) (Piechaud, 1985), les monts du Forez (Puy-de-Dôme) et la Margeride (Cantal) (Brugiere & Duval, 1989). Dans la Haute-Loire, où existaient deux données très probables, l'une de 1977 dans les monts Breysse (G. & P. Cochet, in litt.), l'autre dans le Livradois en 1979 (Vigier, 1981), elle était à nouveau entendue dans le Livradois en 1984 (Vigier, in C.O.A., 1985), le nord Devès en 1986 (Brugiere & Duval, 1989), la Margeride en 1988 (G. & P. Cochet, in litt.). La reproduction ne fut prouvée qu'en 1993, dans le Livradois (Vigier 1995). Elle fut contactée en 1987 dans les monts Dore (Puy-de-Dôme) (Brugière & Duval, 1989), en 1995 dans le massif du Felletin (Haute-Loire) (Pialoux, in litt.). Les données se sont ensuite multipliées, laissant penser à une augmentation de la population, mais l'engouement suscité à cette époque par sa recherche peut aussi expliquer cette progression. Le même constat a d'ailleurs été fait dans d'autres régions françaises (Ardennes, Vosges, plateaux de Lorraine et de Bourgogne, Morvan, Var, Pyrénées, Limousin), où, sensiblement à la même période, les connaissances sur la distribution de cette chouette ont fortement progressé. Peut-être faut-il y voir, comme l'écrit Dessolin (in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994), l'effet combiné d'une réelle expansion de l'espèce vers l'ouest et le sud d'une part, et d'autre part une meilleure prospection, grâce à une plus grande connaissance de son chant et de sa biologie, ainsi qu'à un accès plus facile aux forêts de montagne. On ne dispose pas d'information ancienne indiquant sa présence en Auvergne. Olivier (1898) la soupçonnait dans les monts de la Madeleine (Allier), Cantuel (1949) écrivait que cette chouette était “rencontrée, mais rarement, dans l'Aveyron et la Haute-Loire”, sans autre précision. Geroudet (1965) disait que "son nid serait à chercher dans le Massif Central".

L'extension et la transformation de la forêt française depuis le milieu du XIXème siècle sont souvent avancées pour expliquer l'expansion de la chouette, suivant en partie celle du Pic noir (Dessolin, in Yeatman-Berthelot & Jarry 1994 ; Joveniaux, in Rocamora & Yeatman-Berthelot 1999 ; Teyssier, in CORA 2003). En Auvergne le vieillissement de boisements convertis en futaies a certainement permis au pic, puis à la chouette, de s'installer dans certains massifs, comme la chaîne des Puys par exemple. Mais il existe aussi de très vieilles sapinières ou hêtraies-sapinières dans le Livradois et le Forez au moins, comme le montre la carte de Cassini (1775), qui sont occupées par le Pic noir depuis fort longtemps (Robert, 1827). L'accroissement de la surface forestière, consécutif aux différents épisodes de déprise agricole, s'est traduit principalement, en périphérie de ces vieilles futaies, par des enrésinements monospécifiques, lesquels ne sont guère ou pas du tout favorables à l'un ou l'autre de ces oiseaux, au moins pour ce qui est de leur reproduction. Et l'on ne peut, dans ce cas, rejeter complètement une présence ancienne de la Chouette de Tengmalm dans certaines forêts d'Auvergne, même s'il parait difficile de croire qu'elle ait pu passer si longtemps inaperçue.

De nos jours la reproduction est régulière, avec les fluctuations importantes que nous avons évoquées et qui rendent l'estimation des effectifs hasardeuse. Les prospections, des études (Tourret, 1993 ; Gilard, 1995) et le suivi de certains massifs ont, en leurs temps, produit les chiffres suivants : Allier : de 1 à 5 couples. Puy-de-Dôme : environ 10 couples en chaîne des Puys, 1 à 5 dans les monts Dore, au moins 10 couples dans le Livradois, autant pour les Bois Noirs et le Forez. Haute-Loire : environ 10 couples en Margeride, 5 dans la région de Fix, 30 dans le Livradois, 5 à 10 dans le Felletin. Cantal : 1 à 5 couples en Margeride, quelques prospections depuis le début des années 2000 n’ont encore rien donné sur le massif du Cantal malgré des forêts propices autour du Plomb du Cantal ou du Puy Mary notamment. La population auvergnate peut donc « grossièrement » être évaluée à une centaine de couples (ou mâles territoriaux), ce qui est peu en regard de la population nationale, estimée entre 1 500 et 2 500 couples (Joveniaux, in Rocamora & Yeatman-Berthelot 1999). Mais ce chiffre pour la France doit sans doute être pris avec prudence car une estimation du CORA pour la Savoie (CORA, 2000), donne une estimation entre 500 et 1 000 couples pour ce seul département ce qui, du coup, ne donne pas la même importance à la population auvergnate.

Menaces et mesures de conservation

Le maintien de la Chouette de Tengmalm est essentiellement lié à la préservation de son habitat et des loges de Pic noir dont elle a besoin. L'exploitation traditionnelle des forêts, en futaie jardinée, lui offre les meilleures conditions et ce mode de gestion devrait être poursuivi et encouragé dans l'ensemble des secteurs favorables, accompagné de la conservation sur pied des arbres utilisés. L'inquiétude vient aujourd'hui de l'implantation du sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii), exploité en futaie régulière, qui gagne en altitude. Plus fréquemment qu'autrefois, des parcelles de vieilles sapinières sont coupées à blanc, puis replantées en Douglas, économiquement plus profitable à moyen terme. Pas plus que celles d'Epicéas (Picea abies), ces plantations n'offrent la possibilité aux pics de creuser leurs loges. En outre les vieilles hêtraies, souvent riches en cavités, disparaissent petit à petit de certains massifs, exploitées comme bois de chauffage. Il faudrait préserver dès maintenant celles qui restent et favoriser leur renouvellement. On peut à ce sujet saluer la collaboration de l'O.N.F., dont certains agents, sensibilisés à ces problèmes, ont commencé à mettre en application des mesures appropriées. Mais les forêts du domaine public ne représentent qu'une toute petite partie de la surface concernée. Le reste appartient à de nombreux propriétaires privés, qu'il est beaucoup plus délicat d'inciter à pratiquer des méthodes de gestion favorables aux oiseaux... Cela pourrait être entrepris peut-être en partenariat avec les responsables des Parcs Naturels Régionaux. Ces milieux doivent être préservés afin qu'ils conservent non seulement leur biodiversité mais aussi tout leur caractère et leur charme. Le changement climatique en cours, s'il venait bouleverser la structure végétale de la région, pourrait aussi contraindre, à terme, la petite chouette perlée à quitter les montagnes d'Auvergne, si elle n'y pouvait plus trouver de quoi satisfaire à ses exigences. Mais il est encore bien tôt pour le dire.

Dominique Vigier (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
Visionature
VisioNature est un outil développé avec la collaboration du réseau LPO. Grâce aux technologies Internet, débutants, amateurs et professionnels naturalistes, peuvent partager en temps réel leur découverte et ainsi améliorer la connaissance et la protection de la faune
Biolovision Sàrl (Switzerland), 2003-2024