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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
 Sterne naine (Sternula albifrons)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Population régionale : 38 couples (2006)

Population nationale : 1 800 couples

Population européenne : 28 000-50 000 couples

Répartition régionale

La Sterne naine ne niche en Auvergne que dans le département de l’Allier, le long de la rivière éponyme, en amont de Vichy et également le long de la Loire (4 couples, dont un seul en Auvergne en 2004). La colonie la plus en amont est située à 653 km de l’estuaire de la Loire et à 250 m d’altitude. Dans le Puy-de-Dôme, où elle ne niche pas, cette sterne passe en migration très occasionnellement et toujours en très petit nombre. Aucune donnée n’existe provenant du Cantal ou de la Haute-Loire, même au passage. La répartition des nicheurs français de Sternes naines est éclatée en trois aires distinctes : de la frontière belge à la Bretagne (moins de 100 couples), sur les côtes méditerranéennes (1 000 couples environ) et dans le bassin ligérien (800 couples) (Cadiou et al., 2004) dont relève les colonies auvergnates. Le bassin de la Loire est le seul système fluvial français à accueillir cette sterne, très probablement grâce au maintien de la naturalité de son cours. Tous les couples se focalisent sur le fleuve et sur la rivière Allier. La Loire moyenne (Saumur–Nevers) abrite l’essentiel de l’effectif (LPO, 2006). En amont de Nevers, les Sternes naines forment avec les Sternes pierregarins, des colonies plus petites. Vivant ensemble, les deux espèces de sternes ont évidemment une répartition régionale très semblable. Dans le détail, une toute petite différence apparaît : la naine remonte un peu moins les cours d’eau.

Ecologie et habitats

Les sternes sont très étroitement liées à l’eau pour la nourriture et les sites de nidification. En très grande majorité, les deux espèces locales de sternes (naine et pierregarin) nichent ensemble. Les colonies s'implantent exclusivement sur des îles ou des îlots. La taille de ces colonies mixtes reste modeste, atteignant parfois 25 à 35 nids, très exceptionnellement 60.

Parmi les principaux stimuli au choix de l'emplacement d'une colonie, on relève (Dejaifve, 2003 actualisé) :

- une surface dégagée étendue : sur la période 1995-2006, 19 colonies étaient localisées sur des îles de plus de 300 m de longueur et de plus de 40 m de largeur, 17 sur d’autres de l’ordre de 200 m de longueur. Trois colonies relativement importantes se sont toutefois installées sur un banc nu de seulement 75 m x 20 m. Une très petite colonie a occupé plusieurs années un îlot d’environ 20 m² dans une carrière inondée à 200 m de la rivière Allier, un habitat exceptionnel pour la région.

- une végétation réduite au minimum ou quasi totalement absente : la première année d’une colonisation, l’île, ou au moins la partie occupée par les sternes, est toujours nue. Une maigre végétation y pousse l’année suivante. Elle prend de l’ampleur les années ultérieures, au point de condamner à terme les sternes à rechercher une autre île plus dénudée. La végétation pionnière est parfois utile aux oisillons pour s'abriter de la pluie ou du soleil, voire d'un prédateur aérien. Les rachats, nom local des arbres échoués, et les amas de branchages amenés par l’eau jouent probablement un rôle non négligeable dans la reproduction car les jeunes y trouvent un abri contre le soleil et les prédateurs (Rapeau, 1995 ; obs. pers.). Ce choix clair pour des espaces pauvres ou sans végétation n’est pas une constance dans le bassin ligérien puisque Muselet (1987) écrit à propos des sites du Loiret : « la Sterne pierregarin recherche plutôt un tapis herbacé alors que la Sterne naine adopte des surfaces dénudées », tandis que Tardivo (1987) décrit ainsi les sites de Touraine : « la pierregarin choisit souvent la formation végétale correspondant aux groupements à Chiendent (Agropyron), ou parfois à l’alliance du Chenopodion, alors que la naine préfère des milieux plus découverts ».

- un substrat composé de sable et de gravier : les œufs sont le plus souvent déposés sur des graviers d’un diamètre supérieur à 1 cm. Les sternes profitent peu des secteurs de sable pur.

- Une certaine hauteur de l’île au moment de l’installation : quelques décimètres à un mètre par rapport au niveau de la rivière. Or, fréquemment, l’étiage assèche le bras le moins profond, transformant l’île en presqu’île.Cette modification amène généralement des contraintes nouvelles auxquelles les adultes et leurs jeunes sont très sensibles. En effet, les prédateurs terrestres ont alors un accès facile à la colonie (des traces de sangliers, de renards, de mustélidés, de blaireaux et de chiens ont été relevées sur les sites de reproduction locaux dès qu’ils sont en connexion avec les berges). Par ailleurs, l'homme fréquente alors aussi plus facilement le site que par canoë.

L'expérience montre clairement qu'une colonie installée momentanément sur une presqu'île n’a aucune chance d'avoir un bon taux d'envol. La nidification s'achève en général par un échec total ou par une énorme mortalité des œufs et des poussins. Le phénomène se produit quelle que soit l'importance numérique de la colonie au moment de la ponte. Il ne semble pas être mémorisé par les sternes car elles se réinstallent souvent d'une année à l'autre sur de tels sites, ce qui est assez logique car les milieux où s'installent les sternes sont liés à la dynamique fluviale et se modifient fortement d'une année sur l'autre.

Les déplacements interannuels des sites coloniaux de reproduction sont la conséquence de plusieurs facteurs qui agissent individuellement ou concomitamment. Dans un univers aussi mouvant que le lit mineur de l'Allier (c’est peut-être moins vrai pour la Loire), ces sites apparaissent une année pour disparaître quelques années plus tard. Cependant, les déplacements des colonies résultent aussi de l'envahissement progressif par la végétation des zones initialement dénudées. Durant les 15 dernières années d’observation, le site le plus stable a été utilisé pendant 8 ans. La nidification isolée, généralement le fait de couples qui effectuent une ponte de remplacement (considérée comme telle car tardive), est régulièrement constatée. Elle concerne normalement moins de 10 % de l'effectif nicheur total, sauf dans le cas où une crue tardive (fin mai, début juin) a éclaté les colonies initiales. Ces couples isolés (tant de naines que de pierregarins) sont moins exigeants quant aux sites de reproduction. Ils s’installent tantôt sur de très petits bancs de sable au milieu du lit de la rivière, tantôt sur d’immenses grèves.

Phénologie et biologie de reproduction

Hivernante du Sénégal au Cameroun (Muselet, 1985 ; Delaporte & Dubois, 1990), la naine revient ordinairement chez nous vers le 1er mai (extrême : 14/04/2004). Cette arrivée tardive induit une installation rapide des couples, très généralement au sein des colonies de Sternes pierregarins qui se sont installées peu de temps avant. Les pontes les plus précoces ont lieu dans la seconde décade de mai, la majorité entre la dernière semaine de ce mois et le 10 juin. Le dépôt des dernières pontes de remplacement s’étale exceptionnellement jusqu’aux premiers jours de juillet. Les plus tardives échouent le plus souvent, quasi toujours par abandon de la couvaison. Sur l’Allier, une ponte moyenne complète est constituée de 2,4 œufs (n = 155) (Dejaifve, 2003 actualisé), tout comme en Camargue (n = 349) (Blondel & Isenmann, 1981), et dans le delta de l’Ebre (n = 155) (Muntaner et al., 1984). L’envol des jeunes s’étend du 20 juin au 10 août, avec un maximum compris entre le 7 et 25 juillet. Des coups d’eau printaniers perturbent parfois ce calendrier moyen. Le taux annuel d'envol des jeunes fluctue beaucoup autour d’une moyenne estimée à environ 0,7 jeune volant par couple (LPO, rapports annuels). Sitôt la reproduction terminée, les oiseaux migrent, certains dès fin juillet, les derniers avant le 20 août (extrême : 04/09/1983). Le séjour dans notre région (3,5 mois) est un des plus courts de toute l’avifaune reproductrice.

Evolution des populations

Dans le département de l’Allier, à la fin du XIXème siècle, la naine était « moins commune que la pierregarin » (Olivier, 1898). On ignore si elle fréquentait la rivière Allier durant la première moitié du XXéme siècle, faute de prospection. Malgré des recherches intensives, notre sterne n’est pas observée de 1955 à 1964 entre Varennes-sur-Allier et Le Veurdre, soit sur 65 km particulièrement favorables (Pic & Renault, 1965). L’espèce a donc déserté l’Allier. Puis, un nid est repéré à Bressolles en 1965 et 1966, années suivies d’une nouvelle période sans nidification jusqu’en 1973 compris. Ensuite, « la nidification devient régulière » (COA, 1983). Pour le tronçon de la Loire en bordure du département, « les premières observations remontent à 1968, mais il semble que les rives du fleuve n’aient été que peu prospectées auparavant » (COA, 1983). L’abandon de sites de reproduction durant plusieurs décennies puis leur recolonisation n’est pas propre au Val d’Allier, ni même à la France (voir Muselet, 1987 et, par ex., Clotuche, 1997 pour la Belgique). Depuis sa réinstallation, ses effectifs reproducteurs augmentent nettement, malgré de fortes fluctuations interannuelles. Ils atteignent actuellement environ la moitié de ceux des Sternes pierregarins (voir graphe). Cependant cette augmentation numérique ne s’accompagne pas d’une extension géographique. L’aire de répartition régionale ne déborde pas du département de l’Allier. Seule exception à cette règle, une nidification, antérieure à l’enquête Atlas et jamais renouvelée, aux Martres-d’Artières (63), en 1981, soit à 700 km de l’estuaire de la Loire (Cea, 1982). Les quelques dizaines de couples bourbonnais s’insèrent dans une population ligérienne, elle aussi en augmentation (800 couples en 2006 contre 420 en 1985 dont 38 couples en Auvergne ; LPO, 2006 ; Lallemant & Goutratel, 2009). Le même phénomène s’observe à l’échelle de la France (1 800 couples en 1998, seulement 800 en 1980, Cadiou et al., 2004). A contrario en déclin, la population européenne (Russie incluse) est comprise entre 28 000 et 50 000 couples (Heath et al., 2000).

Menaces et actions de protection

La protection des deux espèces de sternes passe par la conservation des milieux fluviaux naturels, lieux à la fois de pêche et de reproduction. Mais cette exigence ne suffit pas : encore faut-il une rivière dynamique où de nouvelles îles, sans végétation ou presque, apparaissent régulièrement, car tel est l’unique biotope de nidification des colonies. Le maintien de la dynamique fluviale est donc tout à fait primordial. Le cadre législatif à ce maintien existe, encore faut-il le faire appliquer rigoureusement ! (La loi sur l’eau n°92-3 du 3 janvier 1992, le décret du 25 mars 1994 portant création de la Réserve Naturelle du Val d’Allier, les documents d’objectifs Natura 2000 Val d’Allier Nord et Val d’Allier Bourbonnais approuvés le 19 décembre 2002, les arrêtés de protection de biotope…). A cette exigence de naturalité, les sternes ajoutent un fort besoin de quiétude : elles sont très susceptibles aux dérangements. Si les colonies acceptent un environnement bruyant et agité (colonie régulière à 40 mètres du pont Régemortes, à Moulins), la tranquillité sur l’île colonisée est indispensable. Seules les colonies implantées hors accès des hommes, des chiens et du bétail produisent un nombre satisfaisant de jeunes.

Pour la protection de ces espèces emblématiques, la LPO Auvergne mène depuis longtemps quatre types d’actions : l’information et la sensibilisation ; la surveillance ; la création d’arrêtés de protection de biotope ; les suivis naturalistes.

- L’information des usagers de la rivière est un axe bien exploité par la LPO. De multiples actions ont été mises en place : plaquettes d’information ; autocollants « Je protège les sternes du Val d’Allier » (3 000 ex) ; messages réguliers transmis par les medias ; animations – sensibilisations auprès des écoles (4 500 enfants) ; expositions (8 200 visiteurs) ; points d’information depuis 1994 (observatoire du Château de Lys, Maison des Oiseaux de Bressolles, Espace Nature du Val d’Allier).

- La surveillance des colonies a débuté en 1981. Le rôle d’un surveillant est double : suivre la colonie et éviter tout dérangement en informant les usagers de la rivière de son existence. Actuellement, seule une colonie (celle de Moulins) est encore plus ou moins surveillée.

- La protection des colonies par Arrêté de Protection de Biotopes existe depuis 1988, sur 5 sites. La création des APB impose : une communication ; un suivi ornithologique ; la mise en place de panneaux informatifs autour des îles concernées ; une surveillance de la réglementation. L’intérêt de cette mesure est toutefois rendu souvent inopérant du fait du déplacement fréquent des nicheurs et du manque de respect de la réglementation.

- Le suivi des effectifs et de leurs implantations est réalisé depuis de nombreuses années, comme en témoigne le graphe ci-joint. Il a permis d’accumuler quantité d’informations éco-éthologiques, utiles à la protection.

Pierre-André Dejaifve (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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