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Cartes atlas : Fiche espèce
L'atlas des oiseaux nicheurs est un projet participatif. Les cartes et graphiques présentés ici sont établis de façon dynamique à partir des informations fournies par les participants inscrits, et sont donc susceptibles de ne fournir qu'une représentation partielle de la situation, au moins pendant les premières années de l'enquête.
 
 Busard cendré (Circus pygargus)
Carte espèce
Fiche espèce
Quand la voir
Les galeries
SHEET_STATUS_USE_POPUP : Non
Directive oiseaux : -
Protection nationale : Non
Directive habitat : -
UICN : -
Liste rouge nationale : -
ZNIEFF : Non

Population régionale : 330-530 couples (490-650 ; 12,7%, Thiollay & Bretagnolle, 2004)

Population nationale : 3 900-5 100 couples

Population européenne : 9 800-15 000 couples (Russie et Turquie exceptées)

Répartition régionale

Le Busard cendré est une espèce assez largement répandue en Auvergne. La région accueille en effet la troisième population française derrière le Poitou-Charentes et la Champagne-Ardenne. Il est bien localisé dans les départements du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire mais reste plus dispersé dans les départements de l’Allier et du Cantal. Dans le Puy-de-Dôme, le Busard cendré occupe une grande partie du vaste bassin d’effondrement de la Limagne et ses bordures, c'est-à-dire essentiellement la grande Limagne depuis la limite avec l’Allier jusqu’au nord-est de Clermont-Ferrand, ainsi que les autres petites régions naturelles voisines essentiellement agricoles : Pays Brayaud, Pays des Buttes, Pays des Couzes, plaine de Plauzat et Lembron. Enfin quelques couples occupent peut-être les plateaux du Cézallier et les Hautes-Chaumes du Forez. Sa présence sporadique dans les basses Combrailles n’est pas à exclure non plus. Le prolongement de la grande Limagne côté bourbonnais accueille avec la plaine de Chantelle l’essentiel de la population du département de l’Allier auxquelles s’ajoutent quelques petites populations (surtout des couples isolés en réalité) dans les espaces cultivés du bocage bourbonnais et de la Sologne. Le Val d’Allier aujourd’hui voué à la maïsiculture ne lui est plus favorable. La Haute-Loire est le département où l’espèce est la plus répandue, depuis le sud du Pays des Buttes et la Limagne brivadoise jusqu’aux hauts plateaux du Devès et du Mézenc en passant par les bordures de la Margeride et du bassin de l’Alagnon, la plaine de Langeac et les gorges de l’Allier. L’espèce est aussi notée nicheuse sur les plateaux assez fortement boisés du sud du Livradois-Forez. Enfin, c’est le Cantal qui abrite la plus petite population de Busard cendré avec quelques couples nicheurs ici et là sur la Planèze de Saint-Flour et le Cézallier mais surtout sur les plateaux plus cultivés dominants les affluents de l’Alagnon en limite avec la Haute-Loire. La reproduction la plus haute est notée en Haute-Loire aux Estables (Mézenc) à 1 382 m d’altitude.

Ecologie et habitats de reproduction

Le diagramme de fréquence de l’espèce en fonction de l’altitude montre nettement la présence de l’espèce dans deux tranches altitudinales différentes : d’une part les populations des plaines céréalières du bassin d’effondrement de la Limagne et de ses bordures et les données de l’Allier) et d’autre part les petites populations occupant les plateaux d’altitude à plus de 700 m (Devès, Mézenc, Planèze, Cézallier, etc.). Dans les deux cas il s’agit de milieux très ouverts ce qui correspond à l’écologie de l’espèce dans les autres régions françaises (Millon et al., 2004). Signalons également qu’il est aujourd’hui totalement absent des zones boisées contrairement au Busard Saint-Martin, ce qui n’était pas le cas dans les anciens atlas, où l’espèce nichait dans les parcelles en régénération des grandes futaies de l’Allier. Quelque soit l’altitude, l’essentiel des populations se reproduit dans les cultures de céréales à paille (blé et orge d’hiver en plaine, blé, seigle et triticale en altitude), néanmoins on note une colonisation importante des prairies artificielles vouées à l’ensilage, particulièrement en Haute-Loire (plaine de Langeac et plateaux du Devès) avec la nidification dans des parcelles de ray-grass, de luzerne ou de trèfle (Tessier, 2007). Sur les plateaux d’altitudes, certains couples occupent également des prairies « naturelles » de fauche ou des pâtures humides (Mézenc). Les populations nichant en milieu naturel sont aujourd’hui presque anecdotiques : une quinzaine de couples sur les bordures marécageuses des narses des plateaux du Devès et du Mézenc (Tessier, op. cit.), 2 couples dans les tourbières du Cézallier cantalien (Landeyrat et Ségur-les-Villas) et peut-être 1 à 2 couples dans les Hautes-Chaumes du Forez. Il n’y a plus de nidification dans les landes sèches des gorges du haut Allier. Encore nicheur sur certaines narses de la Planèze de Saint-Flour au début des années 2000 (jusqu’en 2005 sur Pierrefitte-Talizat), les quelques couples (4 à 7) se reproduisent aujourd’hui dans les quelques rares parcelles de céréales voisines (Riols, non publié), mais aussi en ray-grass (1 nid détruit en 2008).

Le régime alimentaire du Busard cendré est habituellement constitué de micromammifères (essentiellement le Campagnol des champs Microtus arvalis), de petits reptiles, de petits oiseaux et d’insectes, notamment les grandes sauterelles vertes en fin d’élevage des jeunes. La seule note sur le régime alimentaire du Busard cendré en Auvergne nous apprend que 66 % des proies sont des Campagnols des champs (n=33) (Maurit, 1974) ce qui rentre dans la moyenne des études réalisées en milieu agricole (Million et al., in Thiollay & Bretagnolle, 2004).

Si l’on considère la période 1993-2002, où la couverture des 300 km² de la grande Limagne était la plus complète du fait d’un engagement important des bénévoles, il semble que cette population de Busard cendré présente des densités (11,7 couples/100 km²) et un succès de reproduction (26,5 jeunes volants/100 km²) intermédiaires entre les deux autres grandes populations françaises qui habitent le Centre-Ouest et la Champagne. La population nichant dans les zones extrêmement intensifiées de Champagne est la moins dense et la moins productive, tandis que celles des Deux-Sèvres et de Charente-Maritime sont les plus denses et les plus productives (Millon et al., in Thiollay & Bretagnolle, 2004). La population de Limagne est assez comparable à la population du sud-est du Maine-et-Loire avec une productivité toutefois assez supérieure.

Site

Période

Nids/100 km²

Jeunes volant/100 km²

Deux-Sèvres

1995-2002

16,9

31,0

Charente-Maritime

1987-2002

14,0

27,2

Maine-et-Loire

 

12,4

21,7

Puy-de-Dôme

1993-2002

11,7

26,5

Champagne

1993-2000

5,0

11,2

Sur la plaine de Plauzat, secteur de 30 km², 18 à 22 couples on été localisés en 2007 et 2008. La densité rapportée aux 100 km² y atteint donc la valeur remarquable d’au moins 60 couples/100 km². C’est ici en 2008 qu’a été notée la plus grosse colonie connue dans la région avec 9 couples dont 8 dans une même parcelle (Riols, non publié). En Haute-Loire, les densités sur les 4 régions naturelles suivies sont assez différentes : on retrouve en plaine de Brioude (160 km²) et en plaine de Langeac (200 km²) des densités similaires à celle de grande Limagne soit respectivement 11,9 et 11,5 couples/100 km². En revanche sur les plateaux d’altitudes où une partie des couples sont en milieux naturels, les densités tombent pour le plateau du Devès (345 km²) et le massif du Mézenc (160 km²) à respectivement 7,5 et 8,8 couples/100 km².

Phénologie et biologie de reproduction

Le Busard cendré est un migrateur transsaharien. Les premiers individus sont contactés dans la deuxième semaine d’avril, mais la totalité des oiseaux n’est arrivée qu’à la fin du mois. Les premières pontes sont déposées au début du mois de mai, l’essentiel l’étant autour de la mi-mai. La majorité des jeunes s’envolent au cours de la deuxième et la troisième semaine de juillet, mais d’autres seulement à la fin de ce mois, voire même jusqu’à la mi-août pour les oiseaux issus de pontes de remplacements. Pendant la deuxième moitié de juillet, les jeunes oiseaux se rassemblent en dortoirs communs autour des principales colonies, ils ne sont alors plus ravitaillés que par les mâles, les femelles partant rapidement à la recherche d’un futur site potentiel de nidification, comme l’ont montré les récentes données de marquage et de baguage. La véritable migration postnuptiale commence en août avec la désertion des dortoirs locaux et les derniers individus sont en règle générale observés vers la fin du mois d’août et le début du mois de septembre. Pendant cette migration, d’autres dortoirs se constituent sur quelques zones humides de la région, notamment la Narse de Lascols sur la Planèze de Saint-Flour qui accueille alors nombre d’individus originaires notamment du Puy-de-Dôme et de Haute-Loire (H. Verne, contrôles d’oiseaux juvéniles marqués en 2008). En 2004, plusieurs observations ont été effectuées en septembre ainsi qu’en octobre, ces dernières pouvant déjà être considérées comme rarissimes. L’observation la plus tardive, par ailleurs exceptionnelle en France, concerne un mâle adulte observé au début du mois de décembre 2002 (Eymard, 2005).

Depuis le début du suivi du Busard cendré en grande Limagne (1988), 556 nids ont été suivis produisant 1 169 jeunes à l’envol, le succès de reproduction moyen est de 2,10 jeunes/couple nicheur. L’année 2003 fut l’année la plus catastrophique avec l’avancement considérable des dates de moissons où seulement 0,46 jeune/couple nicheur (n=26) a pris son envol. Le meilleur succès est enregistré en 1988 avec 2,90 jeunes/couple nicheur (n=21). De 1981 à 1992, 23 reproductions ont été suivies à Tronçais (zone de la Bouteille) et ont amenés 48 jeunes à l’envol soit un succès reproducteur de 2,08 juvéniles/couple (Fombonnat, 2004). Ce succès reproducteur en régénération forestière apparait identique à celui mesuré en plaine céréalière.

Evolution des populations

Comme pour toutes les populations de Busard cendré en France, on a assisté et on assiste peut-être encore à une évolution dans le choix des habitats depuis les années 1970. Les plaines où dominent les cultures céréalières, le plus souvent intensives, ont été rapidement investies par l’espèce et les milieux d’origine ont été délaissés, cependant nous manquons de références concrètes au niveau régional. L’atlas des oiseaux nicheurs de l’Allier (COA, 1983) montre quant à lui une évolution défavorable de la répartition de l’espèce avec 31 carrés sur lesquels la reproduction était probable ou certaine contre 21 pour le présent atlas. Il s’est donc probablement produit un phénomène similaire à ce que l’on a observé dans d’autres régions françaises, à savoir le déplacement des populations vers les zones de cultures intensives. Au niveau national, les raisons avancées pour expliquer ce déplacement des populations pourrait être expliqué par la fermeture ou l’assèchement des landes, marais de plaine et tourbières d’altitude et une attractivité plus importante pour les grandes cultures céréalières qui proposerait plus de ressources alimentaires (Millon et al., in Thiollay & Bretagnolle, 2004). Pour étayer ces hypothèses, l’exemple du Limousin peut-être utilisé : les populations de Busard cendré nichant dans des milieux naturels sur le plateau de Millevaches se sont effondrées depuis quelques décennies. La fermeture des habitats favorables étant l’hypothèse la plus probable (SEPOL, 1990). Considérées comme globalement stables au niveau régional, les populations de Busard cendré connaitraient en fait des évolutions locales contrastées mises en évidence grâce aux actions de suivis et de protection de l’espèce dans certaines régions naturelles. En Haute-Loire, le nombre de couples cantonnés est passé sur les 10 dernières années de 35 à 11 en plaine de Brioude et de 30 à 17 dans la plaine de Langeac, il s’agit certainement du contre coup des nombreux échecs répétés pour les installations en prairies artificielles et ces données sont inquiétantes quant au statut de conservation de l’espèce (Tessier, op. cit.). Globalement la population du département est aujourd’hui estimée entre 80 et 90 couples contre 100 à 120 il y a moins de 10 ans (Tessier, comm. pers.). Dans le Puy-de-Dôme, la comparaison avec l’ancien atlas est délicate, elle semble cependant montrer une diminution de la répartition de l’espèce sur le Cézallier. La population de la plaine de Plauzat apparait stable depuis 10 ans avec une vingtaine de couples. En grande Limagne, une partie des colonies connues (celles du sud) ont récemment disparu avec le changement des pratiques culturales qui ne sont plus favorables au Busard. Il est donc probable que l’espèce y soit en régression. L’ouverture du bocage bourbonnais et sa mise en culture croissante s’avèrera peut-être à terme favorable à l’espèce. Dans le Cantal, la population semble avoir diminué très fortement depuis 30 ans, en effet Salasse notait : « En Planèze de Saint-Flour, où il est le rapace le plus commun après la crécerelle, les nids peuvent être distants de quelques centaines de mètres seulement… j’y connais une vingtaine de couples nicheurs » (Salasse, 1972). De nos jours, la population de Busard cendré sur cette zone ne dépasse sans doute pas les 4 à 7 couples. Malgré quelques observations éparses (migration, erratisme), il a semble-t-il complètement disparu en tant que nicheur à l’ouest des monts du Cantal. Dans les années 70, il y avait pourtant été observé de manière épisodique, notamment dans le bassin d’Aurillac (2 à 3 couples ; Salasse, op. cit.) et dans les marais du Cassan à Lacapelle-Viescamp (Espaces et Recherches, 1978).

Menaces et mesures de conservation

Le Busard cendré est l’une des rares espèces pour laquelle les menaces sont bien ciblées et connues. Il en existe deux principales : d’une part les moissons et fenaisons se déroulant avant l’envol des jeunes et d’autre part la diminution des ressources alimentaire dans les zones de culture intensives. Cependant, en l’absence de contexte météorologique particulier, il apparait que l’essentiel des jeunes oiseaux arrive à prendre son envol avant les moissons, même en plaine de Limagne car 100% des nids sont en blé. Mais certaines années, les moissons peuvent détruire les nichées, soit lorsque le printemps et le début d’été sont chauds et secs et que les moissons sont précoces (cas extrême de l’été 2003), soit lorsque de mauvaises conditions climatiques en mai entraînent un retard dans la reproduction de l’espèce, celle-ci pouvant alors s’installer dans d’autres cultures « meurtrières » (luzerne, orge d’hiver) comme cela c’est produit en 2009. Les bénévoles de la LPO essaient localement de pallier au mieux ces problèmes en localisant les nids avant les moissons et en installant si besoin est des grillages autour des nids. Les menaces actuelles sont donc le développement d’autres cultures particulièrement attractives (orge d’hiver, ray-grass) où le succès de reproduction peut s’avérer très faible voire nul dans le cas du ray-grass d’ensilage avec la destruction systématique des couvées au stade œuf. Sur le Mézenc et certaines zones du Devès, l’augmentation du cheptel bovin dans les exploitations des jeunes agriculteurs amène au pâturage des prairies humides qui ne l’étaient pas jusqu’à présent. Les milieux naturels sans intervention de l’homme se réduisent donc toujours (Tessier, comm. pers.). Le développement à grande échelle de cultures non favorables (maïs, betteraves) en grande Limagne prive l’espèce de sites de nidification, comme cela a été le cas sur le Val d’Allier. Une autre menace apparait récemment avec le développement exponentiel des puits de captage et l’arrosage des champs de blés, notamment en plaine de Plauzat où son impact réel doit être évalué. A long terme et dans un contexte de réchauffement climatique, l’avancement potentiel des dates de moissons pourrait constituer un problème majeur. Des mesures de conservation à long terme restent très difficiles à mettre en place, elles nécessiteraient l’acquisition foncière de vastes parcelles avec l’établissement d’une couverture végétale attractive pour les colonies de reproduction pendant plusieurs années afin de limiter les risques de destruction, mais aussi la mise en place et la bonne gestion de bandes enherbées et de jachères pour améliorer les potentialités alimentaires. Un programme de marquage alaire national a été mis en place pour les étés 2007 à 2009 par le C.N.R.S. (Centre d’Etudes Biologiques de Chizé). Il devrait permettre d’identifier avec précisions la dynamique des différentes populations et les échanges qui existent entre elles afin d’identifier d’éventuelles populations « puits » et « sources » et ainsi de mieux cibler les actions de conservation à mettre en œuvre. Le Busard cendré est inscrit sur la liste rouge des oiseaux menacés d’Auvergne (catégorie « vulnérable »).

Romain Riols et Gaston Chassagnard (2010)


Ligue pour la Protection des Oiseaux délégation Auvergne – contact : faune-auvergne(arrobase)orange.fr
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